Frondeurs[1]. Le duc se rend secrètement à Paris, et, caché chez la princesse, il travaille à débrouiller l’écheveau avec elle[2]. Cette fois encore, ce n’est donc pas lui qui marche en tête et dirige ; il est simplement à la suite, et à la suite d’une femme. Ses Mémoires nous exposent clairement les prétentions des divers mécontents. Les Frondeurs les plus avancés voulaient avant tout « la ruine entière du Cardinal, » à la place duquel Mme de Chevreuse, dont le prince de Conty devait épouser la fille eût rais M. de Châteauneuf. Cette solution radicale n’était pas du goût de la Rochefoucauld, qui n’aimait pas à s’engager trop avant et craignait toujours de trancher dans le vif. Il empêche donc la ratification du traité, et entre directement en relation avec le Cardinal. Mazarm et lui ont plusieurs entrevues mystérieuses, qui sont racontées avec complaisance dans les Mémoires[3]. Quel rôle flatteur pour sa vanité ! Voilà qu’il traite en personne avec Mazarin, de puissance à puissance, au nom de son parti. Tout se passe, il est vrai, dans l’ombre et sous le manteau ; mais il estime que son personnage, aux yeux des autres et aux siens, n’en est pas moins singulièrement rehaussé. Au fond, bien qu’il se croie un frondeur, il n’est ici qu’un important attardé, dont le rôle rappelle encore le fameux je ne sais quoi du portrait peint par Retz.
Il y avait eu précédemment, à Bourg, près de Bordeaux, une entrevue, publique celle-là et officielle, entre Mazarin et les ducs de la Rochefoucauld et de Bouillon. Elle « se fit en sortant de Bordeaux après l’amnistie, » dit (p. 226) Gourville, qui la ménagea ; « le jour de saint François (4 octobre), » ajoute (p. 413) Lenet, qui en fut témoin. C’est immédiatement avant, tandis qu’on se rendait en carrosse à la messe, que la Rochefoucauld avait fait au Cardinal la réponse de-
- ↑ Lenet parle même (p. 343, 345, 347, 416) d’un projet dont le duc s’occupa dans ce temps à plusieurs reprises, avec l’appui de la marquise de Sablé, et qui allait à marier son fils à une des nièces de Mazarin.
- ↑ Mémoires, p. 219-226 : voyez Mme de Motteville, tome III, p. 265 et suivantes. La permission de revenir à la cour ne lui fut expédiée que le 27 janvier 1651. Nous donnons à l’appendice i du tome III, p. 264, le texte de cette permission.
- ↑ Voyez à l’endroit précité des Mémoires.