APPENDICE. 409 Pour fuir la honte qu’elle hait ; Sa sévérité n’est que faste. Et l’honneur de passer pour oiiaste La résout à l’être en effet ’ . Sagesse pareille au courage De nos plus superbes héros : L’univerSj qui les envisage , Leur fait immoler leur repos ; Qu’un miiinent leur cœur magnanime Perde ces témoins, dont l’estime Les soutcnoit dans le danger, Je crains qu’alors il ne rachète Par une lâcheté secrète Des jours qu’il n’osoit ménager -. Vous, rares au siècle où nous sommes. Grands que vos bienfaits font nommer L’amour, les délices des hommes, Vous flattez-vous de les aimer ? Des heureux qu’il vous plaJt de faiie Vous attendez votre salaire : Vous voulez régner sur les cœurs ; Votre avare magnificence , Par les faveuis qu’elle dispense , S’achète des admirateuis ^. Ainsi votre intérêt sait prendre Un dehors sensible, empressé ; Mais nous, ne croyons pas leur rendre Un amour désintéressé. Malgré leur attente déçue. L’orgueil , d’une grâce reçue Ne soutient qu’à regret le faix ; Et par la plus tendre apparence Notre ingrate reconnoissauce En veut à de nouveaux bienfaits ’. En vain ce sévère stoïque, Sous mille défauts abattu, Se vante d’une âme héroïque Toute vouée à la vertu : Ce n’est point la vertu qu’il aime ; Mais son cœur, ivre de lui-même, Voudroit usurper les autels ; Et par sa sagesse frivole I. Maxime i. — 2. Maximes 21 3, 21 5 et 221. i. Maxime 2 i6. — 4. Maximes 85, 223 et 298.
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