Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/542

Cette page n’a pas encore été corrigée

4o6 APPENDICE. A la salutaire cr.iintp Qu’on a du divin courroux. Nous assure que la vie De rien ne sera suivie. Et que tout meurt avec nous. Le plus fort de ces grands maîtres’ Se sert de tout son esprit A soutenir que des êtres La seule forme périt. Que le corps se décompose, Qu’il se fait de chaque cho<;e Des arrangements divers , Et que toujours la matière , Infinie, active, entière, Circule dans l’univers. D’autres croyent qu’au Tartare Et qu’aux Cliamps-Elyséens Un juste arrêt nous prépare De grands maux ou de grands biens; Mais quand notre âme éclairée Ne seroit pas assurée Que c’est là le bon parti, L’amour-propre feroit suivre Une loi qui nous délivre Du sort d’être anéanti. D’autres.... Mais à quoi m’engage ’ Le soin de vous consoler? Il est un certain langage Que je ne dois point parler. Par une aveugle manie, cate, dit Plutarqoe, croient que l’âme est corruptible et qu’elle périt avec le corps. » {Des Opinions Jes philosophes, livre IV, chapitre vu.) . Cette strophe, comme la précédente, manque de netteté et de précision. S’agit-il d’un pLilosoplie moderne, de Spinoza, par exemple? On pourrait le croire, car, deux strophes plus haut, Mme des Houlières parle des philo- sophes de tous les âges, et Bayle la r.ittachc, ]>ar son maître Hénault, à la secte déjà fort suivie, même dès le dix-sej)tième siècle, du célèbre pan- théiste (voyez le Dictionnaire de Bayle, articles Hénanlt et Spinoza). Si, au contraire, il s’agit d’un ancien, à qui rapporter l’allusion, de Démocrite ou d’Epicure? Mme des Houlières, dans ce c.is, parlerait encore d’une doctrine qui leur éfctit coramime, car le second avait adopté, eu très-grande partie, la théorie atomistique du premier. Ce verbe au présent: « se sert de tout son esprit, » ne convieut pas bien à des philosophes dont nous n’avons jilus les écrits. N’étaient les mots : « Le plus fort de ces grands maîtres, » on pense- rait plutôt à Lucrèce, qui, dans son poème de Rerum natura, nous expose avec tant de vigueur et parfois d’éclat ces anciens systèmes de philosophie et de physique.