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NOTICE BIOGRAPHIQUE

et son frère dans Stenay, où se trouve Mme de Longueville, qui, à partir de ce moment, va se montrer l’impétueuse amazone de la Fronde. Quant à Marcillac, devenu, sur ces entrefaites, duc de la Rochefoucauld par la mort de son père (8 février 1650), il prend comme prétexte la cérémonie des obsèques paternelles, et, mariant adroitement ses devoirs de piété filiale avec le soin de la guerre civile, il appelle auprès de lui à Verteuil toute la noblesse du pays[1] ; mais il arrive trop tard pour se saisir de Saumur[2], déjà occupé par les troupes du Roi, et, après avoir jeté dans Montrond, la forteresse des Condés, quelques centaines d’hommes, il se retire à Bordeaux avec le duc de Bouillon (31 mai 1650).

Qu’on nous permette d’interrompre ici, un moment, le récit, pour placer à sa vraie date un portrait, « avant la lettre, » dit Sainte-Beuve[3], que Saint-Évremond a tracé du la Roche-

  1. Mémoires, p. 179-183 ; comparez les récits de Gourville, p. 225 et 226 ; de Lenet, p. 228, 238, 240 et 241 ; de Mme de Motteville, tome III, p. 174 et 188 ; et voyez, au tome III des Mémoires de RetZ, la note 5 de la page 39, où nous renvoyons aux Archives historiques du département de la Gironde, tome III, p. 410.
  2. Ce fut le 23 avril (voyez les Mémoires de Lenet, p. 244) qu’un courrier du duc de la Rochefoucauld apporta à Montrond, où la princesse de Condé était arrivée le 14 (ibidem, p. 237), la nouvelle de l’insuccès de la tentative sur Saumur. Deux jours avant (le 21), Mazarin écrivait de Dijon cette lettre à le Tellier : « Sa Majesté est du même avis de Son Altesse Royale, qu’il ne faut pas différer davantage la publication de la déclaration contre MM. de Bouillon, de Turenne et de Marcillac, et ajoute qu’il ne faut rien épargner pour châtier promptement et exemplairement M. de la Rochefoucauld, et que si sa personne se retire, on trouvera toujours ses maisons à raser, afin qu’il s’en souvienne et que cela serve à contenir dans leur devoir ceux qui pourroient avoir de méchantes intentions. » (Mémoires de Mathieu Molé, tome IV, p. 393 et 394.) Cette menace du Cardinal, bientôt connue de la Rochefoucauld (Lenet, p. 258), devait être, on va le voir, mise à exécution. — Un mois plus tôt, le 28 mars 1650, la Reine écrivait, également de Dijon et à le Tellier : « Je désire… que l’on examine bien… ce qu’il y a présentement à faire touchant le duc de la Rochefoucauld, particulièrement s’il ne s’est point encore rendu à la Roche-Guyon. » (Mémoires de Mathieu Mole, tome IV, p. 380.)
  3. Nouveaux lundis, tome V, p. 384.