Vous enfin dont à peine ai-je encore obtenu
Que votre nom reçût ici quelques hommages ’
Du temps et des censeurs défendant mes ouvrages.
Comme un nom qui, des ans et des peuples connu,
Fait honneur à la France en grands noms plus féconde
Qu’aucun climat de l’univers ;
Permettez-moi, du moins, d’apprendre à tout le monde
Que vous m’avez donné le sujet de ces vers.
ODE DE MADAME DES HOULIÉilES ’.
A M. L. D. D. L. R.
Quel spectacle offre à ma vue
L’état où vous paroissez !
Ah ! que mon âme est émue,
Et que vous m’attendrissez !
Mais d’où vient ce dur silence ?
Pourquoi porter la constance
Jusqu’à ne point soupirer ?
Victime d’un fol usage,
Vous croyez que le vrai sage
Doit souffrir sans murmurer ’ ?
On règne sur la nature
Avec assez de succès,
Quand on fait que le murmure
Ne va point jusqu’à l’excès.
Je ris de ce fier stoique
Qui dans les tourments se pique
D’avoir un visage égal ;
Qui, tandis qu il en soupire,
A l’audace de nous dire :
« La douleur n’est point un mal. »
1. Voyez la fable précédente, dédiée comme celle-ci a la Rochefoucauld.
2. Extrait du recueil de Poésies de Mme Deshoulières , Paris, Veuve de S. Mabre-Cramoisy , 1688, p. 197 et suivautes. Cette pièce et les deux qui la suivent sont encore moins que les ui:méros xiv-xvi (voyez ci-dessus, p. 371. note 4) des Jw^ements sur les Maximes; nous les donnons toutefois comme une annexe naturelle à ce qui précèd»;. — A.ntoinette du Ligier de la Garde, femme de Guillaume seigneur des Houlières, née en i6’j.S, morte en 1694. s’est essayée dans presque tous les genres poétiques, depuis la chanson jusqu’à la tragédie; mais on ne se souvient plus guère que d’un petit nombre de ses érrlogues et de ses idylles, d’une surtout, les /’ers allégoriques à ses enfants, datés de janvier i(h)j: << Dans ces prés fleuris, etc. »
3. Cette ode fut sans doute adressée à la Rochefoucauld à l’occasion d’un de ces terribles accès de goutte dont il souffrait si cruellement, et dont Mme de Sévigné parle souvent.