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NOTICE BIOGRAPHIQUE

réservant les premières lettres de duc qui seraient données et par conséquent le tabouret à sa femme[1]. II était parti sur cette assurance. Le Poitou commençait d’ailleurs à se soulever : des bureaux de recettes des deniers publics y avaient été pillés ; il pacifia les désordres et rétablit, « en moins de huit jours, l’autorité du Prince sans qu’il en coûtât la vie ni l’honneur à aucun de ses sujets[2]. »

Mais c’était Paris qu’il eût fallu pacifier, et il n’y avait plus le moindre espoir d’y réussir. Sans refaire ici l’histoire si connue des journées d’août 1648, nous ne chercherons à démêler dans ce mouvement que le rôle de la Rochefoucauld. Comment ce même homme, qu’on vient de voir si favorable à Mazarin, se retrouva-t-il, du jour au lendemain, dans le camp des Frondeurs ? C’est que le Cardinal l’avait joué. On avait fait une promotion de dues et pairs, et Marcillac n’en était point. Aussi, dans le premier bouillonnement de colère, se hâte-t-il d’accourir à Paris[3], sur l’appel de la duchesse de Longueville, qui l’informe du traité de Noisy et du plan général de guerre. Ici encore on ne voit point que Marcillac ait l’initiative ; la duchesse, il est vrai, réclame son intervention et ses conseils ; mais l’accord des Frondeurs s’est fait loin de lui et sans lui ; c’est Mme de Longueville, c’est Retz, c’est le Parlement qui ont tout rais en mouvement. Marcillac ne

  1. Au sujet du duché et du tabouret, voyez ci-après, la fin de l’appendice ii, p. xcix, et au tome III, p. 32-34, la lettre 8, écrite de Verteuil à Mazarin le 1 octobre 1648.
  2. Tome II, p. 104, 105, 459 et 460. — Voyez, dans notre tome III (p. 27), la lettre (n°7) que Marcillac écrit de Fontenay à Mazarin, le 1er septembre 1648, et dans notre tome II (p. 105, note 3) la réponse du Cardinal. Nous donnons plus loin, à l’appendice v, 1° (p. ciii et civ), les titres d’une suite de pièces relatives à la répression par Marcillac des troubles du Poitou, lesquelles se trouvent à la Bibliothèque nationale et au Dépôt du ministère de la guerre ; dans le nombre est une réponse de Marcillac au comte de Brienne, que nous reproduisons en entier.
  3. Voyez ci-après, à l’appendice v, 2° (p. civ), l’indication de quelques pièces relatives aux mesures prises par la cour lors de l’abandon du Poitou et de la révolte du gouverneur ; et, à l’appendice i de notre tome III (p. 249, 250, et note 3 de la page 250), le texte de deux de ces pièces.