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SUR LA ROCHEFOUCAULD

qui, à Mardick, le 13 août[1], soutient la vigoureuse sortie de deux mille assiégés, mais qui paye de son sang le plus pur cette opiniâtre résistance. On sait que l’impétueux Condé ne ménageait pas plus ses soldats ou ses officiers qu’il ne se ménageait lui-même. Le comte de Fleix, le chevalier de Fiesque restèrent sur la place, ainsi que le comte de la Roche-Guyon, « qui ne laissa, dit Gourville (p. 219), pour héritier de la maison de Liancourt, qu’une petite fille âgée d’un an et demi, » laquelle épousa, en 1659, François VII, fils de notre auteur, et lit passer dans la famille de la Rochefoucauld le titre de Liancourt[2]. Marcillac reçut, pour sa part, trois coups de mousquet[3]. Rapporté à Paris « dans un brancard[4], » il s’en va bientôt en Poitou : nous le voyons (avril 1647), guéri de ses blessures, faire son entrée à Poitiers[5], où le duc son père le présente aux magistrats comme leur nouveau gouverneur ; et quand l’agitation fomentée à Paris par les parlementaires, à la suite de l’emprisonnement de Blancmesnil et de Broussel au mois d’août 1648, menacera de gagner les provinces, il soutiendra dans son gouvernement, où l’avait envoyé un ordre de la Reine[6], la cause du Cardinal et de la cour.

C’est qu’à ce moment, et lui-même nous l’explique dans ses Mémoires et son Apologie[7], il était, tout en évitant, selon sa coutume, de s’engager sans retour, tombé d’accord avec Mazarin sur les clauses d’une soumission. Le ministre lui avait promis de mettre bientôt sa famille sur le même pied que celles des Rohan, des la Témoïlle, quelques autres encore, en lui

  1. Voyez la Gazette du 18 août 1646. On y lit que « le prince de Marcillac fit des prodiges de valeur. » Le 13 août est la date de la Gazette ; Bazin (p. 337) dit « le 10 ».
  2. Voyez au tome III, p. 125 et 130, nos lettres 49 et 53.
  3. Mémoires, p. 98. — Gourville (p. 219) ne parle que d’ « un coup de mousquet au haut de l’épaule. » Montglat, qui nomme Marcillac après les ducs de Nemours et de Pont-de-Vaux (Mémoires, tome II, p. 38), le dit « blessé plus légèrement » qu’eux.
  4. Mémoires de Gourville, p. 219.
  5. Thibaudeau, Histoire du Poitou, tome III, p. 308. — En ce temps-là, le fils aîné du prince de Marcillac porte le nom de « M. de la Châteigneraie » (voyez ibidem), qu’il tient de sa mère.
  6. Mémoires, p. 104.
  7. Voyez tome II, p. 104, 105, 456-459).