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NOTICE BIOGRAPHIQUE

fluence sur la duchesse, l’accord est moindre. Après avoir dédait des faits mêmes notre avis sur ce que fui cette liaison fameuse d’amour et d’ambition, nous avons cru que le lecteur nous saurait gré de mettre sous ses yeux, comme éléments d’appréciation, les jugements que nous en ont laissés quelques témoins du temps même. Reprenons maintenant notre récit.

Grâce à son père, qui savait mieux que lui se ménager à la cour, Marcillac avait obtenu la permission d’acheter, du comte de Parabère, le gouvernement du Poitou[1] ; faveur dérisoire, selon l’Apologie : on lui vendait « trois cent mille livres » ce que son père « avoit été contraint de bailler pour deux cent cinquante. » Et le brevet encore ne lui fut expédié que plusieurs mois après[2], sur les instances toutes-puissantes du victorieux duc d’Enghien, qu’il avait, comme volontaire, rejoint en Flandre[3]. Il est permis de croire que la présence de Mme de Longueville à Munster, où son mari négociait la paix de Westphalie, avait accru son désir de faire cette campagne. C’est le 20 juin 1646 que la duchesse quitte Paris, pour aller en Allemagne, et le 28 du même mois, nous trouvons Marcillac à la prise de Courtray[4]. Toujours brave, mais toujours malheureux à la guerre, il figure parmi cette poignée de gentilshommes

  1. Tome II. p. 449-455. — Voyez, à l’appendice i du tome III, p. 244-249, deux lettres (6 et 7) de juillet et d’octobre 1644, relatives à la négociation de cet achat.
  2. Tome II, p. 454 et 455. — Est-ce par suite de ce retard que Gourville (Mémoires, p. 220) semble ne dater l’achat que du retour de l’armée ? M. Ed. de Barthélémy (p. 37, note 3) suppose que, dans ce passage, le secrétaire de Marcillac songe moins au marché lui-même qu’au versement des sommes dues ; nous ne croyons pas que le payement ait été si vite effectué : voyez ce que nous disons au tome II, p. 148, à la fin de la note 3. — Dans les états de service que nous donnons ci-après à l’appendice iv (p. ci), la nomination au gouvernement du Poitou est datée du 3 novembre 1646 ; et la Gazette du 17 nous apprend que Marcillac prêta serment le 5.
  3. Sur cette campagne de 1646, voyez les Mémoires, p. 96-98, et ceux de Gourville (p. 215-220), qui l’avait suivi « pour le servir en qualité de maître d’hôtel, » puis demeura à son service et fut « bientôt dans sa confidence et tout à fait dans ses bonnes grâces. »
  4. Bazin, tome III, p. 336.