quel il a donné le titre de Premières pensées du duc de la Rochefoucault[1], il en a recueilli cent vingt et une, mais son choix n’a pas été fait avec le discernement désirable ; car il donne comme versions différentes telles ou telles pensées qui ne s’écartent que fort peu de la version définitive, et doivent plutôt y être jointes à titre de variantes[2].
- ↑ Brotier écrit toujours ainsi la Rochefoucault, par un t.
- ↑ Voici ceux de ses numéros que nous avons rejetés, à ce titre, dans les
notes. À la suite de chacun d’eux nous plaçons ici le chiffre de la maxime a laquelle il correspond dans notre édition :
- 3293 3612983239
- 517 4815590245
- 618 4916291246
- 931 5116092247
- 1032 5215794254
- 1236 5717395256
- 1329759178100271
- 2065 6118411083
- 2788 62186115617
- 3197 65196119249
- 3210168205120249
- 3311069211121284
- 3411674223
- 3512680236
Outre ces quarante variantes, parmi lesquelles il s’en trouve un certain nombre
et il place cette dernière ailleurs, hors de son rang. Suard se permet en outre fréquemment de changer soit les tours, soit les mots de notre auteur. Il y a telle modification si considérable qu’on a peine à reconnaître sous la forme nouvelle la maxime originale, et qu’on serait d’abord tenté de croire que Suard donne quelque texte inédit, ou quelque retouche qu’il a seul connue (comparez, entre autres, son numéro 251 à notre 243e). Cette tentation est d’autant plus forte qu’on lit dans l’Avertissement de l’éditeur (p. v) : « C’est sur le manuscrit original de M. de la Rochefoucauld et sur des exemplaires des premières éditions corrigées de sa propre main, qu’on a fait cette nouvelle édition. » Mais l’examen du texte de Suard empêche d’avoir grande confiance en cette assertion, ou, si l’on y ajoute foi, d’y attacher de l’importance. En général, les variantes de ce texte, quand il y en a, substituent simplement à la rédaction définitive celle des éditions antérieures, ou bien le choix même des mots et des tours montre assez qu’elles sont plutôt du fait de l’éditeur que de l’auteur. Pour celles de ces variantes qui viennent delà Rochefoucauld, pas n’était besoin d’exemplaires corrigés de sa propre main ; nous les trouvons, telles que Suard les donne, dans les divers textes imprimés du vivant de l’auteur. Blaise a cru devoir, lui aussi, parler dans une note (p. 54 et 55) se rapportant à notre maxime 83, de « premières éditions corrigées de la main de M. le duc de la Rochefoucauld. » Cette maxime, qui est chez lui la 81e, et qui se trouve être précisément la seule pensée supprimée que l’abbé de la Roche ait recueillie, il l’a admise dans son texte, à l’exemple de Suard, telle qu’on la trouve dans les éditions de 1666, 1671 et 1675, qui, pour cette maxime, ne diffèrent que par un mot de celle de 1665, et il donne en note, comme variante, la forme définitive de 1678.