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ET MAXIMES MORALES

rame, comme l’ambition en est l’activité et l’ardeur[1]. (éd. 1*.)

CCXCIV

Nous aimons toujours ceux qui nous admirent, et nous n’aimons pas toujours ceux que nous admirons[2]. (éd. 2*.)

CCXCV

Il s’en faut bien que nous ne[3] connoissions toutes nos volontés[4]. (éd. 2*.)

CCXCVI

Il est difficile d’aimer ceux que[5] nous n’estimons point ;

  1. Var. : La modération, dans la plupart des hommes, n’a garde de combattre et de soumettre l’ambition, puisqu’elles ne se peuvent trouver ensemble, la modération n’étant d’ordinaire qu’une paresse, une langueur, et un manque de courage : de manière qu’on peut justement dire à leur égard que la modération est une bassesse de l’âme, comme l’ambition en est l’élévation. (1665, n° 17.) — « Faux, dit l’annotateur contemporain : la modération se trouve avec l’ambition ; elle la suspend, elle l’arrête; elle en est, pour ainsi dire, la digue et le parapet. » — Plus loin (maxime 308), dans une réflexion contradictoire à celle-ci, la Rochefoucauld reconnaîtra lui-même, au moins implicitement, que la modération peut se rencontrer avec l’ambition, dans un même sujet. — Vauvenargues (variante à sa maxime 73, Œuvres, p. 381) dit également que « la modération du foible n’est que paresse et vanité. » — Voyez les maximes 17, 18 et 565.
  2. Var. : mais nous n’aimons pas toujours de même ceux que nous admirons. (Manuscrit.) — La seconde moitié de cette réflexion et celle de la maxime 296 ont à peu près le même sens. — Duclos (tome I, p. 204, Considérations sur les mœurs de ce siècle, chapitre xi) : « Il me semble que les hommes n’aiment point ce qu’ils sont obligés d’admirer. »
  3. Cette négation est omise dans l’édition de Duplessis (1853).
  4. Var. : Il s’en faut bien que nous ne sachions tout ce que nous voulons. (Manuscrit.) — Voyez les maximes 269, 332, 460 et 575.
  5. Duplessis donne à tort « ce que, » au lieu de « ceux que. » Cette leçon ne se trouve qu’au manuscrit, et cet éditeur ne l’a pas connu.