CCLXII
Il n’y a point de passion où l’amour de soi-même règne si puissamment que dans l’amour, et on est toujours plus disposé à sacrifier le repos de ce qu’on aime qu’à perdre le sien[1]. (éd. 1*.)
CCLXIII
Ce qu’on nomme libéralité n’est le plus souvent que la vanité de donner[2], que nous aimons mieux que ce que nous donnons. (éd. 1*.)
CCLXIV
La pitié est souvent un sentiment de nos propres maux
- ↑ Var. : et on est toujours plus disposé de sacrifier tout le repos
de ce qu’on aime, que de perdre la moindre partie du sien. (1665.) —
… qu’à perdre la moindre partie du sien. (1666, 1671 et 1675.) —
Voyez les maximes 259, 324, 374 et 500. — Aimé-Martin fait remarquer (p. 89 et 90) que Corneille a développé cette maxime dans ce
passage de Tite et Bérénice (acte I, scène iii, vers 275-294) :
domitian. [Je] trouve peu de jour à croire qu’elle m’aime,
Quand elle ne regarde et n’aime que soi-même.
ALBIN. Seigneur, s’il m’est permis de parler librement,
Dans toute la nature aime-t-on autrement ?
L’amour-propre est la source en nous de tous les autres…
Vous-même, qui brûlez d’une ardeur si fidèle,
Aimez-vous Domitie, ou vos plaisirs en elle ?
Et quand vous aspirez à des liens si doux.
Est-ce pour l’amour d’elle, ou pour l’amour de vous ?…
Sa conquête est pour vous le comble des délices ;
Vous ne vous figurez ailleurs que des supplices :
C’est par là qu’elle seule a droit de vous charmer ;
Et vous n’aimez que vous, quand vous croyez l’aimer. - ↑ Var. : Il n’y a point de libéralité ; ce n’est que la vanité de donner… (1665.)