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NOTICE BIOGRAPHIQUE

dans les divers exercices du corps. Pour ses études, elles durent être assez sommaires, car Segrais rapporte et Mme de Maintenon confirme qu’il avait peu de savoir[1]. Il avoue lui-même qu’il n’entendait pas très-bien le latin[2]. Son maître de littérature fut un certain Julien Collardeau[3], de Fontenay, qui succéda à son père comme avocat et procureur du Roi au siège de cette ville, et qui fut ensuite (17 janvier 1650) pourvu d’une charge de conseiller d’État en récompense de sa fidélité au parti de la cour durant les troubles de la Régence. Ce ne fut donc pas la faute du précepteur si l’élève devint un frondeur.

Il se peut que les romans aient été de bonne heure un aliment favori de l’esprit de notre auteur, qui paraît en avoir conservé le goût jusqu’à la fin de ses jours. Mme de Sévigné, dans une lettre du 12 juillet 1671[4], se console par son exemple de « la folie qu’elle a elle-même pour ces sottises-là : » ce

    comptent le P. Anselme et Moréri. Ajoutant à ces deux générations une troisième, « En trois générations, dit-il, sur vingt-cinq enfants adultes, je compte six religieuses, trois vieilles filles, huit prêtres, abbés ou chevaliers de Malte, et un abbé mixte, demi-abbé, demi-capitaine. »

  1. « M. de la Rochefoucauld n’avoit pas étudié ; mais il avoit un bon sens merveilleux, et il savoit parfaitement bien le monde. » (Segraisiana, p. 15, Amsterdam, 1722.) — M. de Barthélémy, dans sa Notice (p. 163), cite de Mme de Maintenon, sans dire où il l’a pris, ce passage : « Il avoit… beaucoup d’esprit, mais peu de savoir. »
  2. Lettre 116, tome III, p. 226.
  3. Ce Julien Collardeau (on sait que deux autres avant lui avaient porté le même nom dans sa famille) naquit le 28 janvier 1596 et mourut le 20 mars 1669. Il est auteur de plusieurs ouvrages, dont un, les Tableaux des victoires de Louis XIII, a eu trois éditions. Voyez sur lui la Bibliothèque historique et critique du Poitou, par Dreux du Radier, Paris, 1754, tome III, p. 464 et suivantes. Nous devons à M. Benjamin Fillon communication de la pièce suivante, datée de Fontenay, le 8 novembre 1626, et signée : J. Collardeau : « Je confesse avoir reçu de Monsieur l’abbé de la Réau, agissant au nom de Mgr de la Rochefoucauld, la somme de soixante livres tournois, en deniers ayant cours, pour le dernier quartier de la gratification à moi allouée par ledit seigneur en récompense d’avoir enseigné les lettres à M. le prince de Marcillac, et du tout l’en tiens quitte. »
  4. Lettres de Mme de Sévigné, tome II, p. 277 et 278.