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n S8 APPENDICE DU TOME L s*agit plos icî d^une nuance de pensée, ou d*un changement de rédaction. La Ro’ ehefoueauld a craint évidemment qu*on ne prtt sa maxime pour une épigramme et qu*on n*en fit Tapplication. H eût mieux fait peut-être de la supprimer, il a préféré la tourner contre Téducation en général. (Tétait le moyen de ne mécon- tenter personne en censurant tout le monde. Qui sait si cette malencontreuse maxime sur Téducation des princes n^est pas la cause de Textréme rareté du Tolume ? La conjecture paraîtra moins téméraire, si Ton considère que deux ans plus tard, en 1666, l’auteur demandait la place de gouremeur du Dauphin. ITa- Tait-il pas un intérêt capital à supprimer l’édition, pour éviter qu’on ne lui mit sous les yeux une sentence qui cadrait si mal avec l’emploi qu’il sollieitait*? Continuons notre examen, et comparons encore, au hasard, quelques maximes, celle-ci par exemple : On ne méprise pas tous ceux qui ont des vices ^ mais on me- prise tous ceux qui n*ont aucune vertu (max. 1 86 de l’édition définitive), avec celle de notre texte : On hait souvent les vices, mais on méprise toujours le manque de vertu. Ou bien cette autre : Nous avons plus de forée que de volonté; et e^est souveiU pour nous excuser à nous-mêmes que nous notis imaginons que les choses sont impos" sibles (max. 3o) ; dans la rédaction primitive : Rien n’est impossible s U y a dot voies qui conduisent à toutes choses; et si nous avions assez de volonté, nous aurions toujours assez de mojrens*. Ou bien encore la maxime i85 : Il jr a des héros en mal comme en bien*, avee eelle-ci que l’auteur a condamnée, peut-être parce qu’elle affeete la forme d’nn vers alexandrin* : Le crime a ses héros, ainsi que la vertu, Notez que, dans notre texte, cette dernière pensée vient à la suite de la maxime 608 ’, dont elle foitee la conclusion logique. Tel est asses souvent le cas dans notre édition, et c’est encore un mérite sur lequel on nous permettra d’in- tister. Bon nombre de pensées que l’auteur a disséminées plus tard dans son livre se suivent ici dans leur liaison naturelle. En veut-on un exemple frappant? La Rochefoucauld a dit quelque part : La folie nous suit dans tous les temps de la vie. Si quelqu*un parmt sage^ c*est seulement parce que ses folies sont proportionnées à son âge et à sa fortune (max. 207). Laharpe qualifie cette maxime d’exagéra- tion qui ne peut passer que dans uhe satire. « Il serait assez difficile de noua dire, ajoute-t-il, quelles étaient les folies de Sully* ou du chancelier de THÔpital; loin. Pour la maxime 261 1 sur l’éducation, il y a un curieux rapprochement à faire entre elle et la maxime posthume 5 18, qui n’est donnée que par MM. de Barthé- lémy et Gilbert : c La dévotion qu’on donne aux princes est un second amour- propre » : voyez ci-dessus, p. 87 et 41.] [i. On verra, dans la section rv de cet Appendice (p. 63], que les exemplaires de premier état, non cartonnés, de l’édition de i665, ont aussi le mot princes ^ et que cette leçon a été remplacée au moyen d’un carton par la prudente leçon définitive.] [a. Dans le manuscrit de Liancourt et dans la copie de i663 : * Rien n’est im- possible de soi ; » du reste, même texte que dans l’édition de 1664 * toyez ci-des- sus, p. 5.] [3. Le manuscrit de Liancourt a ici déjà le texte définitif de 1678, et de même la copie de i663t qui, en outre, donne, à la fin de la maxime supprimée 608, comme aussi d’ailleurs l’édition de 1664? 1b version première : « Le crime a ses héros, ainsi que la vertu » : voyez ci-dessus, p. a5 et note i.] > Il n’y a qu’un mot à changer, et l’on aura le vers bien connu : Ainsi que la vertu, le crime a ses degrés. Mais le texte de la Rochefoucauld est antérieur ; car ce vers est tiré de la Phèdre de Racine, qui ne parut qu’en 1677. . Voyez ci-dessus, la note 3.1 ’6. Voici ce que M. Frédérix, dans son article déjà mentionné (p. Sg, note i), op- pose à cette critique de Laharpe appuyée de l’exemple de Sully : « Ouvrons Talle- mant des Réauz [tome I, p. 4^7]; voiei ce que nous y lisons sur M. de Sully : « Ce « bon homme, plus de vingt-cinq ans après que tout le monde avoit cessé de porter « des chaînes et des enseignes de diamants, en mettoit tous les jours pour se ]iarer, u et se promenoit en cet équipage sous les porches de la PlaCe Royale, qui est prêt