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32 APPENDICE DU TOME I. Ms. 1663. — Conforme au manuscrit autographe. EoiT, 1664. — Conforme au manuscrit autographe. CCXXXIII Ms. AUT. — Il y a une espèce d^hypocrisie dans les afflictions ; car, sous prétexte de pleurer une personne qui nous est chère, nous pleurons les nôtres, c*est-à-dire la diminution de notre bien, de notre plaisir, ou de notre considération. De cette manière, les morts ont Thonneur des larmes qui coulent pour les vivants. J*ai dit que cVst une espèce d*hypoGrisie, parce que, par elle, l’homme se trompe seulement lui-même. Il y en a une autre, qui n est pas si innocente, et qui impose à tout le monde : c’est Taffliction de certaines personnes qui aspirent à la gloire d’une belle et immortelle douleur. Car le temps, qui consomme tout, l’ayant consom- mée, elles ne laissent pas d’opiniâtrer leurs pleurs, leurs plaintes et leurs soupirs ; elles prennent un personnage lugubre, et travaillent à persuader, par toutes leurs actions, qu’elles égaleront la durée de leur déplaisir à leur propre vie. Cette triste et fatigante vanité se trouve pour l’ordinaire dans les femmes ambitieuses, parce que, leur sexe leur fermant tous les chemins à la gloire, elles se jettent dans celui-ci, et s’efforcent à se rendre célèbres par la montre d’une inconsolable douleur. Outre ce que nous avons dit, il y a encore quelques autres espèces de larmes qui coulent de certaines petites sources, et qui, par conséquent, s’écoulent incontinent : on pleure pour avoir la réputation d’être tendre ; on pleure pour être pleuré, et on pleure enfin de honte de ne pas pleurer. Ms. i663. — Conforme au manuscrit autographe, sauf ces variantes : a ou de notre considération , en la personne que nous pleurons. De cette manière, les morts ont l’honneur des larmes qui ne coulent que pour ceux qui les pleurent. J’ai dit ^ue c’étoit » ; a la durée de leurs pleurs à leur propre vie i ; a tous chemms à la gloire » ; a et se forcent à se rendre cé- lèbres » ; « d’être tendres 9, et la faute a afin » pour « enfin 9. Edit. 1664* — Il y a une espèce d’hypocrisie dans les afflictions ; car, sous prétexte de pleurer une personne qui nous est chère, nous pleurons la diminution de notre bien, de notre plaisir, de notre considération, en la personne que nous avons perdue. De cette manière les morts ont Thon- neur des larmes qui ne coulent que pour ceux qui les pleurent. J*ai dit que c^étoit une espèce d’hypocrisie, parce que par elle l’homme se trompe seulement lui-même. Il y en a une autre, qui n’est pas si innocente, et qui impose à tout le monde : c’est l’affliction de certaines personnes qui aspirent à la gloire d’une belle et immortelle douleur. Car le temps, qui consomme tout, ayant consommé ce qu’elles pleurent, elles ne laissent pas d’opiniâtrer leurs pleurs, leurs plaintes, et leurs soupirs : elles pren- nent un personnage lugubre, et travaillent à persuader, par toutes leurs actions, qu’elles égaleront la durée de leurs pleurs à leur propre vie. Cette triste...^. CCXXXV Ms. AUT. — Nous ne sommes pas difficiles à consoler des disgrâces de nos amis, lorsqu’elles servent à nous faire faire quelque belle action. I. Le texte de toute la suite del a maxime est conlbrme à celui du manuscrit auto- graphe; seulement la dernière phrase : « Outre ce que... », forme une seconde maxime dans rimpression de 1664*