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PORTRAIT DU CARDINAL DE RETZ. loi VIII PORTRAIT DU CARDINAL DB RETZ. (Tome I, p. 19-ai ; Toyez ci-dessiu VJvani^propot, p. i, n et ym.) Copie d’une rédaction inédite^ éi^idemment antérieure à celle qui est donnée au tome /. Cette copie nous a été indiquée par M. de Boislisle, qoi l*a trouTée & la Biblio- thèque nationale dans le manuscrit Clairambault 11 36 [Ordre du Saint-Esprit^ a6, fol. 170). Comparée au texte inséré par le cheralier de Perrin dans la Lettre de Mme de Séngné du 19 juin 1675 (tome III, p. 486-488), elle présente de nombreuses et très-notaUes di£férenoes ; c^est une peinture beaucoup moins sévère et malveillante, et qol pourrait bien être celle-là même que Mme de Sérigné avait envoyée à sa fiUe. Elle rend plus croyable, ce que dit la Marquise, que le Cardinal « troura le même plaisir qu’elle k voir que c*étoit ainsi que la Térité forçoit à parler de lui, quand on ne Paimoit guère. » Paul de Gondy, cardinal de Retz, naquit avec beaucoup d’élévation et d’étendue d’esprit, et de grandeur de courage. Il eut une mémoire extraordinaire, plus de force que de poli- tesse dans ses paroles, Fhumeur facile, une docilité admirable à souffrir les plaintes et les reproches de ses amis, peu de Fiété, beaucoup de religion. Il parut plus ambitieux qu’il ne étoit en effet; la vanité seule lui a fait entreprendre de grandes choses, presque toutes opposées à sa profession ; il a suscité les plus grands désordres de l’État, mais il son^eoit moins à occuper la place du cardinal Mazarin, qu’à lui pa- roître redoutable et à le faire repentir du mépris au’il avoit fait de son entremise dans le temps des barricaaes. Il se servit ensuite, avec beaucoup d’habileté, des malheurs publics pour se faire cardinal ; il a souffert la prison avec fermeté et n’a dû sa liberté qu’à sa hardiesse. Sa paresse autant que sa force ’ont soutenu avec gloire dans l’obscurité d’une vie errante pendant six années. Il ne s’est jamais démis de l’archevêché de Paris qu’après la mort du cardinal Mazarin, et n’a point fait de conditions avec le Roi. Il est entré dans divers conclaves et sa conduite a toujours augmenté sa réputation. Sa pente naturelle étoit l’oisiveté; il travailloit néanmoins dans les