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MORCEAUX CRUS INÉDITS. 97 duisit Taffaire du Pont-de-CéS en suite de quoi il fut fait car- dinal, et commença d^établir les fondements de la grandeur où il est parvenu*. [le comte d^harcourt’.] (FoU 55 f et ▼• du mi.) Le soin que la fortune a pris d’élever et d’abattre le mérite des hommes, est connu dans tous les temps, et il y a mille exemples du droit qu’elle s’est donné de mettre le pnx à leurs qualités, comme les souverains mettent le prix à la monnoie, pour faire voir que sa marque leur donne le cours qu’il lui plaît^. Si elle s’est servie des talents extraordinaires de Mon- sieur le Prince et de M. de Turenne pour les faire admirer, il paroît qu’elle a respecté leur vertu, et que, toute injuste qu’elle est, elle n’a pu se dispenser de leur faire justice. Mais on peut dire qu’elle veut montrer toute l’étendue de son pouvoir, lorsqu’elle choisit des sujets médiocres pour les égaler aux plus fi^rands hommes. Ceux qui ont connu le comte d Harcourt conviendront de ce que je dis, et ils le refi^arderont comme un chef-d’œuvre de la fortune^, qui a voulu que la I. Le Pont oa les Ponts-de-Cé, ville d* Anjou (Maine-et-Loire), à sept kilomètres S. E. d’Angers, sor trob iles de la Loire, que reUe une série de ponts. — L^armée du Roi enleva la ville, le 7 août i6aO) aux troupes de la Reine mère et des mécon- tents; la paix 7 fut signée le i3. — Les mots : « Monsieur de Luçon.... produisit TafFaire du Pont-de-Cé, » manquent de justice et de justesse. Voyez encore, sor toute cette afiEsire, Bazin, tome cité, p. 363-369. . Tout ce morceau sur les commencements de Richelieu est loin d*étre bienveil- lant et même impartialement exact. Ce n’est pas là une raison qui rende invraisem- blable l’attribution que nous en croyons pouvoir faire à l’auteur des Maximes, Sans parler de son peu de penchant à croire au bien, nous voyons dans ses Mémoires qu’il avait en fort à se plaindre du Cardinal. La vérité le force à lui rendre justice, avec admiration, dans le jugement qui en termine la première partie (tome II, p. 47 et 48) ; mais, dans le cours du récit, il applique à sa domination des mots tels qn*odieux et affreux (p. ao et 38), et nous parle de la haine que Richelieu avait pour lui (p. 41), et lui pour l’administration de Richelieu (p. 39). . Nous ajoutons ce titre. Le morceau n’en a pas dans le manuscrit. — Henri de Lorraine, comte d’Harcourt, né en 160 1, mort en 1666, second fils de Charles de Lorraine, duc. d’EIbenf. Pendant la plus grande partie de la Fronde, il resta fidèle à la Reine mère. Voyez au tome II, p. 176, note 3. . La Rochefoucauld se sert de la même comparaison dans sa maxime DCni (tome I» p. a56), qu’il a supprimée dans sa dernière édition seulement (1678) : « Les rois font des hommes comme des pièces de monnoie : ils les font valoir ce qu’ils veulent, et l’on «st forcé de les recevoir selon leur cours, et non pas selon leur véritable ppz* » . Lorsque, dans ses Mémoires, notre auteur parle du comte d’Harcourt, le nom de fwtune vient aussitôt sons sa plume : voyez tome II, p. 34 et 348. Mademoiselle dit La Rochefoucauld, app. du tome 1. 7