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96 APPENDICE DU TOME h sans que Monsieur de Luçon en eût connoissance*. Mais les conseils qu’il avoit donnés à M. de Luynes, et ranimositë qu’il lui avoit témoigné d’avoir contre le maréchal le conservèrent, et firent que le Roi lui commanda de continuer d’assister au Conseil’, et d’exercer sa chars^e de secrétaire d’État, comme il avoit accoutumé : si bien qu’il demeura encore quelque temps à la cour, sans que la chute du maréchal qui l’avoit avancé nuisît à sa fortune. Mais, comme il n’avoit pas pris les mêmes

récautions envers les vieux ministres qu’u avoit fait auprès 

e M. de Luynes, M. de Yilleroy ’ et M. le président Jean- nin *, qui virent par quel biais il entroit dans les affaires, firent connoitre à M. de Luynes qu’il ne devoit pas attendre plus de fidélité de lui qu’il en avoit témoigné pour le maré- chal d’Ancre, et qu’il étoit nécessaire de l’éloigner, comme une personne dang^ereuse et qui vouloit s’établir par quelques voies que ce pût être : ce qui fit résoudre M. de Luynes à lui commander de se retirer à Avignon’. Cependant la Reine, mère du Roi, alla à Blois, et Monsieur de Luçon, qui ne pou- voit souffrir de se voir privé de toutes ses espérances, essaya de renouer avec M. de Luynes, et lui fit offrir que, s’il lui Sermettoit de retourner auprès de la Reine, qu’il se serviroit u pouvoir qu’il avoit sur son esprit pour lui faire chasser tous ceux qui lui étoient désagréables, et pour lui faire faire toutes les choses que M. de Luynes lui prescriroit. Cette proposition fut reçue, et Monsieur de Luçon, retournant, pro- I. C’est ce que Bazin confirme dans sou Histoire (tome I, p. 399) « de manière à écarter absolument tout le soupçon de cette espèce de complicité qu’on avait voula donner à Richelieu « dans la mort du maréchal d’Ancre, sur la ibi de quelques mémoires. » a. Bichelien « ne réitéra pas, dit Bazin lihidem^ p. ao5), la tentative de repa- raître au Conseil. Après y avoir fiait une fois acte de présence, il s’effaça prudem* ment devant les gens du nouveau pouvoir, laissant en doute s’il était maintenu ou renvoyé. » Voyez encore au même tome, p. 298-299. . Nicolas de Neuf^ille, seigneur de Yilleroy, d’Alincourt, etc., né en i54a, mort en 1617, était alors secrétaire d’État. Il l’avait été sous Henri IV, Henri III, et, dès l’ftge de vingt-quatre ans , sous Charles IX. L’évéque de Luçon lui avait été donné pour adjoint dans sa charge en novembre 1616 : voyez Bazin, tome I, p. 277. . Pierre Jeannin, né en i54o, mort en 162a, président au parlement de Dijon, ancien ministre de Henri IV. La Reine mère lui avait ôté, en mai 1616, le contrôle général des finances. . L’ordre d’exil à Avignon est du 7 avril. 161 8, et postérieur de près d’un an à la retraite de la Reine mère à Blois (3 mai 161 7), où Richelieu, comme il nous l’apprend lui-même [Mémoires, tome I, livre viii, p. 171], l’accompagna, c J’en voulus avoir, dit-il, une permission expresse du Roi par écrit. » Le prélat fut rappelé et chargé d’une négociation auprès de Marie de Médicis, un an après, en avril 1619. Pour toute sa conduite après le meurtre du maréchal d’Ancre et les événements de sa vie durant la période dont il s’agit ici, voyez ses Mémoires k l’endroit cité, et VBistaire àm Bazin^ au tome I, p. 3o6, 3a8 et 3ao, 34i et 34a, 35i.