Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, Appendice du t1, 1883.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée

MORCEAUX CRUS INÉDITS. gS de la Reine, elle suivit son projet sans douter de révénement. Elle ne s*y est pas trompée : ses charmes et le temps déta- chèrent le Roi de la Vallière, et elle se vit maîtresse aéclarée. Le marquis de Montespan sentit son malheur avec toute la violence d’un homme jaloux. Il s’emporta contre sa femme; il reprocha publiquement à Mme de Montausier qu’elle Tavoit entraînée dans la honte où elle étoit plongée*. Sa douleur et son désespoir firent tant d’éclat qu’il ftit contraint de sortir du Royaume pour conserver sa liberté ’. Mme de Montespan eut alors toute la facilité qu’elle desiroit, et son crédit n’eut plus de bornes. Elle eut un logement particulier dans toutes les maisons du Roi; les conseils secrets se tenoient chez elle. La Reine céda à sa faveur comme tout le reste de la cour, et non"-seulement il ne lui fut plus permis d’ignorer un amour si public, mais elle fut obligée d’en voir toutes les suites sans oser se plaindre, et elle dut à Mme de Montespan les marques d’amitié et de douceur qu’elle recevoit du Roi’. Mme de Montespan voulut encore que la Vallière fût témoin de son triomphe *, qu’elle fût présente et auprès d’elle à tous les di- vertissements publics et particuliers ; elle la fit entrer dans le secret de la naissance de ses enfants dans les temps où elle cachoit son état à ses propres domestiques. Elle se lassa en«  fin de la présence de la Vallière, malgré ses soumissions et ses souffirances, et cette fille simple et crédule fut réduite à prendre l’habit de carmélite ’, moins par dévotion que par M. de Montausier c fat préféré à d’antres compétitenrs (poor la plaee de goayemeur du Daapbin, 1668), tant par la fayear de la duchesse sa femme..., alors la confidente des amours du Roi pour Mme de Montespan, que par, etc. » I. Voyez les Mémoires de Mademoiselle^ tome IV, p. i53 et i54. Elle rapporte le récit même que lui a fait Mme de Montausier : c Elle me dit : c M. de Mon- « tespan est entré ici comme une furie, et m*a dit rage de Madame sa femme, et à c moi toutes les insolences imaginables. » a. « Il fut mis à la Bastille, dit Saint-Simon (au tome cité, p. 86), puis relégué en Guyenne. > . On peut yoir, dans la lettre de Mme de Sévignè du 10 novembre 1673 (tome III, p. a68}» une de « ces marques de douceur » reçues du Roi grâce à Mme de Montes* pan, et l’humble protestation de reconnaissance de la Reine. . Saint-Simon rappelle, à Toccasion de la mort de la Vallière (tome VIII, p. 43], « ce qu’elle souffrit du Roi et de Mme de Montespan. » — « Elle disoit souyent & Mme de Maintenon, avant de quitter la cour : 1 Quand j’aurai de la peine aux Car- « mélites, je me souviendrai de ce que ces gens-là m’ont fait souffrir, » en parlant du Roi et de Mme de Montespan. » (Souvenirs de Mme de Cajrlus^ p. 491.) . Elle fit profession aux Carmélites de la rue Saint-Jacques le 3 juin 1675, sons le nom de sœur Marie de la Miséricorde ; elle s’y était retirée depuis le ao avril de Tannée précédente. En février 1671, elle s’était déjà réfugiée aux filles de Sainte- Marie de Cbaillot, où le Roi envoya Lauzun la chercher, et antérieurement aux Béné- dictines de Saint-Cloud, où le Roi alla en personne ne la faire rendre (voyez Sainte Simon f ibidem) . De la prise d’habit de la Vallière il suit que ce moreeaa sur Mme de