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RÉFLEXIONS DIVERSES. 91 toutes les grâces dont le Roi voulut le combler ; mais Fhu- meur avare et inégale de Mademoiselle, et les difficultés qui se rencontrèrent à assurer de si grands biens à Puyguiihem, rendirent ce dessein inutile, et Tobligèrent à recevoir les bien- faits du Roi. Il lui donna le gouvernement de Berry et cinq cent mille livres. Des avantages si considérables ne répon- dirent pas toutefois aux espârances que Puyguilhem avoit formées ^. Son chagrin fournit bientôt i ses ennemis, et par- ticulièrement à Mme de Montespan, tous les prétextes qu’ils souhaitoient pour le ruiner. Il connut son état et sa déca- dence, ety au lieu de se ménager auprès du Roi avec de la dou- ceur, de la patience et de Thabileté, rien ne fut plus capable de retenir son esprit âpre et fier. Il fit enfin des reproches au Roi ; il lui dit même des choses rudes et piquantes, jus- qu^à casser son épée en sa présence, en disant qu’il ne la tireroit plus pour son service ; il lui parla avec mépris de Mme de Montespan, et s’emporta contre elle avec tant de violence* qu’elle douta de sa sûreté, et n’en trouva plus qu’à le perdre. Il fut arrêté bientôt après ^ et on le mena à Pigne- roP, où il éprouva par une longue et dure prison la douleur d’avoir perdu les bonnes glaces du Roi, et d’avoir laissé échapper par une fausse vanité tant de grandeurs et tant d’a- vantages que la condescendance de son maître et la bassesse de Mademoiselle lui avoient présentés. selle, le duc d*0rléans, firère de Louis XIV, hérita da daclié de Montpensier ; elle ayait fait don de la principauté de Bombes, dès 1681, au duc du Maine. I. m Atcc des en&nts de ce mariage, dit Saint-Simon (tome XIX, p. i85), quel Tol n’eût pas pris Lauzun, et qui peut dire jusqu’où il seroit arriré ? » a. Sur Finterrention de Mme de Montespan, l’emportement de Lauzun contre elle, l’épée brisée, Toyez Saint-Simon, ibidem^ p. 173-174, et les Mémoires-’Anecdote* de Segraû (p. i38 et iSq). Saint-Simon raconte le fait de l’épée i)risée à l’occasion du refus fait à Lauzun par le Roi de la charge de grand maître de l’artillerie. . Le a5 novembre 1671 : voyez les Mémoires de MademoUellet tome IV, p. 309* . ViUe forte du Piémont, à cinquante-cinq kilomètres S. O. de Turin, que la France posséda par échange de i63i à 1696. La citadelle était une prison d’État, où le surintendant Foucquet avait été conduit en 1664 et où il mourut en mars 1680. Voyez la lettre de Mme de Sévigné du a3 décembre 1671 (tome II, p. 437 et 438). Lauzun y demeura jusqu’en 168 1 {Mémoires de Mademoiselle, tome IV, p. 445). La Rocheioucaidd étant mort en mars 1680, peu de jours avant Foucquet à Pignerol, la suite : « où il éprouva par une longue et dure prison, etc. » s’applique, si le mor- ceau est vraiment de notre auteur, à un emprisonnement qui dorait encore, et, à y bien regarder, rien dans les mots n’empêche qu’il en soit ainsi.