quand je serais persuadée de commettre un
crime en la faisant ? Croyez-moi, mademoiselle,
quelques leçons de pratique persuadent beaucoup
plus que plusieurs leçons de théorie.
Je n’ai donc point fait de péché.
Votre discours me rappelle une question que fit un Juif à un Chrétien.
Ce Juif venait de manger du saucisson dans une auberge où il s’était arrêté pour se rafraîchir. Après qu’il l’eut mangé, il demanda au Chrétien qui était son compagnon de voyage :
« — Croyez-vous, mon ami, que j’aie commis un péché en mangeant du saucisson avec vous ? »
La première réponse du Chrétien fut un grand éclat de rire, ensuite il lui dit :
« — Ai-je fait un péché, moi ?
« — Non, mon ami, parce que votre loi vous le permet.
« — Et pourquoi votre loi vous le défend-elle ?
« — Je ne sais ; mais elle me le défend.
« — Votre loi est bien vieille !
« — Elle vient toujours de Dieu.
« — Et la mienne aussi. Or, y a-t-il de la contradiction en Dieu ?
« — Cela ne peut être.
« — Pourquoi donc permettra-t-il aux uns ce qu’il défend aux autres ? Quand vous avez mangé avez-vous cru faire un péché ?