recevoir avec transport, lui faire mille honnêtetés,
lui donner les plus grandes marques d’affection,
l’appeler tendrement votre bon papa. Vos
grâces, vos manières gagneront son cœur et son
argent.
Mais ma voix peut me trahir, et s’il s’aperçoit que ce n’est pas moi avec qui il a couché, que deviendrai-je ?
Questionneuse éternelle ! n’êtes-vous donc née que pour vous tourmenter mal à propos ? Vous ne connaissez pas encore les qualités de Marguerite, ni dans quelle perfection elle sait mener les intrigues les plus galantes ; elle lui parlera fort peu, et toujours à voix basse ; outre cela, elle vous a entendu parler quelques instants ; cela suffit pour qu’elle sache, au besoin, imiter si bien votre voix, que l’homme le plus attentif pourrait s’y méprendre.
Mais laissez-moi vous parler de ce vieux fermier. Il vous trouvera parfaitement à son goût, j’en suis sûre ; il cherchera peut-être à vous oppresser inutilement du poids de son corps ; prenez patience ; ayez même le courage de manier sa vieille rosse, de la chatouiller, de l’exciter à lever la tête et à marcher. Si elle ne peut faire que quelques pas, faites au moins qu’il ait le plaisir de contempler, à son aise, toutes les beautés secrètes que la nature vous a données