chez elle mon front tout trempé de sueur et
hors d’haleine.
Hier, je lui tins ce discours :
— Ah ! monsieur, que d’obligations vous allez m’avoir ! Je viens de faire à mademoiselle Angélique, le tableau le plus animé de votre situation. Je lui ai dit qu’une langueur affreuse vous dévore ; qu’une triste mélancolie est peinte sur vos traits ; que vous êtes mal ; que si vous ne pouvez posséder son cœur, rien ne vous attache plus à la vie ; que vous êtes au désespoir, et que la mort sera votre recours. À ces mots, j’ai vu mademoiselle s’attendrir, soupirer, jeter quelques larmes, enfin s’écrier :
« — Qu’il vienne, je tâcherai de faire son bonheur, pourvu qu’il me rende heureuse ! »
Vous possédez, au plus haut degré, l’art de mentir impunément.
Dites plutôt, l’art de persuader évidemment… À cette nouvelle, le jeune comte fut transporté d’une douce joie que son cœur ne pouvait contenir. Il m’accabla de caresses…
Et de présents aussi ; car il me paraît fort généreux.
Non pas, mademoiselle ; il arrive rarement qu’on anticipe avec moi les récompenses. Il est