vous est entière. Ce domestique, dont je vous ai
parlé, me fit certaines propositions, point équivoques,
qui décelaient son âme de boue ; mais
je ne lui répondis que par un soufflet bien appliqué
sur son visage boursouflé.
Bien fait, mademoiselle, très bien fait ! Vous auriez dû, après cela, ajouter une ligne à votre billet de réponse, pour avertir son maître que ce gueux voulait monter sa lunette d’approche pour vous mirer le premier… Mais non ! ces êtres dangereux ont assez la coutume de décacheter fort adroitement les billets doux dont ils sont porteurs, soit pour contenter cette curiosité insatiable qui les porte sans cesse à vouloir pénétrer dans les secrets de leurs maîtres, soit pour en tirer parti aux occasions qui se présentent.
Je veux vous raconter une aventure fâcheuse arrivée il y a peu de temps à Parme. En cas que vous vous mariiez, je vous prie de repasser souvent dans votre esprit cet événement, qui peut bien vous servir de leçon.
La comtesse N*** s’était unie par des vœux éternels au sort du marquis P***. La première année de son mariage elle n’eut avec lui qu’une âme, qu’une vie ; et ils offraient à tout le monde étonné le tableau le plus parfait de l’union conjugale. Mais, comme tout ici-bas est sujet au changement, leurs sentiments mutuels s’affai-