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seconds, ils obtiennent pour cela — à moins de chômage — un peu de pain. — Les oisifs sont les riches ; les travailleurs sont les pauvres.

Cet arrangement est béni par les Dieux, qui vivent encore, ont toujours leurs favoris et leurs prêtres, et, toujours féroces et vindicatifs, font rôtir éternellement les âmes de ceux qui ne les ayant pas vus osent nier leur existence. Ils pourraient se montrer sans doute ?… Mais ils ne le veulent point !…

L’association (ou société) humaine, est, par un miracle d’ingéniosité, organisée de façon que l’intérêt de chacun y est opposé à celui de tous ! ainsi que le constate un vieux proverbe, formulé par La Sagesse des nations, qui déclare : — Le bien des uns fait le mal des autres, et réciproquement. En sorte que rien n’est perdu, et que, même à l’intérieur et, dans la paix apparente, la guerre est partout.

L’homme dans la cité, s’il est pauvre et malheureux, est plus seul que dans la forêt primitive, et bien plus pauvre ! Car la chasse et la pêche lui sont interdites ; il lui est défendu de couper du bois, de bêcher la terre, de se construire une hutte ; aucun des dons de la nature n’existe plus pour lui, car tout est approprié. L’homme n’est plus le fils de la terre : elle est la chose de quelques-uns. Celui qui n’a rien, si le riche ne lui permet pas de travailler, il doit mourir. — Il n’y a pas de place pour lui au banquet de la vie — pas même parmi les chiens de bonne maison, qui lui font la chasse. « Arrière, misérable ! va crever ailleurs ! »

— La débauche a-t-elle cessé ? — Elle aussi a suivi le progrès des choses humaines. Comme toujours, aux époques où la corruption de la grande richesse oisive fait face à l’avilissement du peuple par la grande misère, de toutes parts elle déborde ! Là haut, la morphine, en bas, l’alcoolisme, dépravent les cerveaux et abaissent les cœurs. De temps en temps, parmi ces échos malsains qui alimentent de leur bourbier l’imagination publique, éclatent des crimes contre nature, commentés par les journaux, au profit de toutes les ignorances. L’amour, ce créateur de vies nouvelles, qui pourraient être progressives, est tombé à l’égout des impressions sensuelles.

Allez visiter, dans les asiles de l’enfance abandonnée, les salles où sont recueillis les fruits malencontreux de la débauche ! À l’aspect de ces petites figures macabres, horribles de déformation et de souffrance, réductions grimaçantes du squelette humain, vous reculerez d’horreur !… et l’épouvantable image restera à jamais imprimée dans votre souvenir. Sans doute, ces épaves lamentables ne transmettront jamais la vie ? mais d’autres, analogues, quoique plus viables, le pourront. — C’est la malédiction de la race ! Sa fin dans l’abjection et l’horreur !…

La débauche ?… les civilisations modernes en ont fait une institution !…