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volupté purement sensuelle, sans autre but que la sensualité, est devenue chez lui, par l’abus, un stimulant perpétuel, bas et vulgaire, une maladie du corps et de l’esprit. Elle le possède, l’affolle et l’énerve, parfois l’empoisonne et le tue. D’une loi naturelle, nécessaire à la reproduction de l’espèce, il a fait la débauche qui altère la race, la dégrade et la détruit. Ce n’est plus une union, ce n’est plus des affections humaines la plus intime, c’est l’exploitation, la tyrannie, et l’avilissement sous une autre forme ; c’est la guerre encore, la lutte et la haine entre les deux moitiés de l’humanité !

Si les bêtes parlaient, où nous disons passion bestiale, férocité animale, elles diraient : humaine. L’animal suit sans dévier (hors de l’influence de l’homme) sa loi instinctive. Inférieur à l’homme en intelligence, il lui est supérieur on ne peut dire en moralité, puisqu’il ne discute pas sa loi, mais en rectitude. Il mange avec plaisir pour satisfaire sa faim, mais sans excès ; de même, dans la loi de procréation, il accomplit le renouvellement de la vie ; également innocent dans ces deux actes, dont l’homme a su faire deux vices. Il n’y a dans l’état simple d’animalité ni honte, ni esclavage. — Tandis que l’homme, guidé par ses propres vues, ou plutôt par des passions déréglées, constamment en écart sur la loi naturelle, au-dessus ou au-dessous, la dégrade, et soi-même avec elle ! Il parait donc absolument vrai de constater que depuis son abandon, son départ, pour ainsi dire, de l’instinct animal, l’homme a surtout appliqué ses facultés progressives dans le domaine de l’animalité, et qu’il l’a élargie et pervertie. La débauche, l’égoïsme, la cruauté, l’oubli du devoir naturel, sont — chose terrible à dire ouvre toute humaine ! L’animal se dévoue à ses petits, secourt et défend sa femelle. Il ne se plaît pas aux souffrances de sa victime. Ce n’est pas lui qui a inventé la torture, ni les bûchers, ni les massacres de la haine et de la vengeance ni rien de semblable à ce pressoir, sous lequel on exprimait, aux dix-septième et dix-huitième siècles, la dernière goutte de sang ou de sève de populations entières. Erreur de primitif, dira-t-on ; égarement naturel, chez un être nouveau, qui ne connaît rien encore ! J’y consens ! Je le crois aussi. Mais alors, à quel âge se bornera l’enfance de ce primitif ? À quels signes reconnaîtra-t-on son adolescence ? Et quand, enfin, sera-t-il adulte ?

Pour nous édifier à cet égard, au moins approximativement, examinons les faits :

Au moment où s’ouvre l’histoire, c’est-à-dire après l’hiéroglyphe,