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habitations, pour fondre les métaux, façonner le fer en outils précieux, qui doubleront la force et l’adresse de leurs possesseurs ; pendant qu’on s’applique à cultiver la terre, à y multiplier les plantes et les racines utiles à l’homme, qu’on invente la charrue, qu’on domestique la vache et le taureau, la poule et le coq, le mouton, la chèvre ; qu’on s’ingénie à faire le pain, à pétrir la glaise et à la cuire, à tisser le vêtement… d’autre part, avec plus d’ardeur encore, on augmente les moyens de destruction à la flèche, au javelot, succèdent la lance, l’épée, la pique, la hache, le maillet, le couteau perfide ! Et loin de s’apaiser, la guerre, à mesure que les siècles s’écoulent, devient plus cruelle, et les massacres plus étendus. Ce ne sont plus des assauts de ville à ville, et de peuplade à peuplade, mais de nation à nation, de race à race. On se détruit, on s’extermine avec rage. Dans l’histoire antique, un siège fameux dure dix années ; dans l’histoire moderne, à cinq cents ans seulement en arrière de nous, c’est une guerre de cent ans ! impitoyable ! où, comme au siège de Troie, les guerriers ne se haranguent plus avant de se mesurer ; mais une orgie sanglante de pillages, de viols, d’assassinats sans merci ; atrocités de malandrins, qui fauchent les populations rurales comme la faux les blés.

Il n’est plus de génération sur la terre qui n’ait ses batailles, ses égorgements et ses vengeances ; pas de cœur humain qui ne soit empoisonné de haine et de transports de rage ! Des atrocités sont commises, que l’animal le plus féroce ne connut jamais ; et plus la civilisation progresse, plus cette fureur s’étend ; plus s’élargissent les champs de carnage et s’élèvent les monceaux de morts !… Aujourd’hui, c’est par centaines de mille que se chiffrent les combattants de chaque armée, par dizaines de mille les morts de chaque bataille, et aussi les blessés, hachés par les foudres d’une artillerie monstrueuse, due aux puissantes combinaisons du cerveau humain, en vue de la destruction des hommes. La science, à l’époque actuelle, a produit en ce genre des merveilles… si grandes !… que l’homme enfin devient pensif devant ce problème : — Laissera-t-on aboutir la guerre à cet excès de science de supprin d’un seul coup l’humanité ?…

L’animal a des amours chastes, réglés suivant la saison, en rapport avec les lois de la nature et fidèles à leur but : la reproduction de l’espèce. Il obéit au désir sexuel quand il l’éprouve, sans chercher à le créer.

Au contraire, l’imagination, trop souvent corrompue de l’homme, recherche en tout temps et à tout propos cette sorte de volupté qui résulte de l’union des sexes. Et quand elle pourrait être d’autant plus complète qu’elle serait plus haute c’est-à-dire jointe à l’union des sentiments et au charme particulier d’un être aimé entre tous la