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vailleurs, s’il y a lieu, des métiers moyens aux métiers sacrifiés, on les laisse tomber, sans vouloir avoir l’air de s’en apercevoir, beaucoup plus bas, assez bas pour qu’ils « aient encore bien de la chance », comme on dit, de remonter jusqu’à ces métiers-là.

« Et que ferez-vous », nous dira-t-on, « des paresseux ? » Remarquons d’abord qu’il y aura beaucoup moins de paresseux quand tous les citoyens auront reçu l’éducation normale. Remarquons ensuite qu’il y aura beaucoup moins de paresseux dans une cité où la plupart des métiers seront sans cesse ouverts à tous, parce qu’il y aura beaucoup moins de fausses vocations, parce qu’il n’y aura point de vocations forcées, parce que les vies mal engagées ne le seront point sans retour possible. Enfin si, dans une cité où trois à quatre heures au plus d’un travail facile suffiront pour assurer la vie quotidienne, si, dans une telle cité, il se trouve encore des paresseux qui refusent toute espèce de travail, ces malades ne mourront pas de faim dans une cité qui sera aussi riche en moyens de consommation, mais on les réduira au strict nécessaire. — « Ils seront donc », dira-t-on, « entretenus aux frais de la cité ? » — Sans doute, mais que fait la société présente, sinon de les entretenir aussi, et très cher, dans ses asiles, ses hôpitaux, ses prisons, ses colonies de relégation, ou dans ses plus somptueux hôtels, parasites mendiants ou parasites luxueux, ou bien ouvriers des mauvais métiers ? 1
Selon cette méthode d’analyse exacte et de comparaison, toujours on verra que ce sont justement les pis-allers de la cité socialiste, supposés, qui sont la règle habituelle, réelle, de la société présente.