Page:La Revue indépendante - 1846 - année 6, série 2, tome 5.djvu/345

Cette page n’a pas encore été corrigée


Voici le divin jour d'éternelle terreur !
Disiez-vous : c'est la mort ! voici le char d'Élie...
L'ange aux cris éclatants, terrible avant-coureur,
Réveille aux noirs tombeaux la race ensevelie !

Vous vous êtes trompés : le monde vit toujours,
Et des lueurs se font sur la terre bénie.
La sainte humanité n'est pas à l'agonie,
Votre jour n'était pas le dernier de ses jours !

D'un culte nouveau-né vous avez vu l'aurore,
L'avenir a tenu votre sombre défi !
Et ce culte s'éteint, et l'homme cherche encore,
Et pour user un Dieu vingt siècles ont suffi !

Combien sont là, couchés dans le secret des âges,
Dont les peuples à naître encenseront l'autel !
Leur loi mûrit déjà dans le cerveau des sages...
Mais les dieux passent vite, et l'homme est immortel !

LECONTE DE LISLE