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du vent. Le fermier du presbytère, qui depuis longtemps avait rentré la récolte, se hâtait de battre avant que l’eau fût gelée, et le petit ruisseau de la vallée roulait une écume brune comme de l’écume de café. Se glissant entre les angles des bâtiments de la ferme, le vent soulevait la paille dans la cour. C’était déjà le vent d’automne, mais jeune, essayant ses forces. Plus tard dans l’hiver, quand ses poumons sont développés, c’est avec les tuiles des toits et les tuyaux des cheminées qu’il joue.

Un moineau perché sur la niche des chiens, la tête enfoncée dans ses plumes, clignait des yeux, feignant de ne rien voir. Mais il avait parfaitement remarqué où l’on mettait le grain. Il était devenu raisonnable depuis le printemps ; il pensait à sa femme et à ses enfants et songeait qu’il serait bon de savoir où prendre pendant l’hiver.

Le petit Angarius, tout réjoui, se préparait aux expéditions dans la neige. Déjà il alignait ses soldats de plomb et ses canons sur les ruisseaux à moitié gelés, où, la glace cédant peu à peu, toute l’armée disparaissait dans le fossé. Alors c’étaient des hourras sans fin.

— Que fais-tu donc ? lui demanda le pasteur qui passait.

— Je joue à la bataille d’Austerlitz, répondit Angarius rayonnant.

Le pasteur poussa un soupir. Il ne comprenait pas ses enfants.

En bas, dans le jardin, Else était assise sur un banc au soleil. Elle regardait la lande encore couverte de ses fleurs d’un violet sombre, et les champs teints des couleurs pâlies de l’automne.

Les vanneaux se réunissaient en silence, se préparant au voyage, et les oiseaux de mer se rassemblaient pour partir ensemble. L’alouette même avait