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dans le salon du presbytère, où il y eut présentation générale.

La société se composait du consul Hartwig et de sa femme, de leurs enfants et de quelques amis et amies de ceux-ci. L’excursion avait lieu pour faire les honneurs du pays à Max Lintzow, fils d’un vieil ami du consul, et depuis quelques jours hôte de celui-ci.

— Ma fille Else, dit le pasteur, va faire de son mieux pour…

— Non, non, mon cher pasteur ! s’écria la bonne madame Hartwig. Nous ne permettrons pas le moindre dérangement. C’est déjà bien assez d’envahir votre maison ! Nous avons dans nos voitures tout ce qui est nécessaire pour un pique-nique, et pendant que je m’en occuperai, votre fille ira se promener avec les jeunes gens.

Et l’aimable femme regardait la jolie fille du pasteur de ses bons yeux gris et lui caressait doucement la joue.

Que la caresse de cette douce main faisait de bien ! Else en eut presque les larmes aux yeux. Elle restait là immobile, comme si elle attendait que la dame étrangère la prît par le cou et lui murmurât des paroles qu’elle avait longtemps attendues !

— Qu’y a-t-il d’intéressant à voir dans le voisinage ? demanda la femme du consul.

— Il y a une belle vue du haut de la colline, il y a aussi le rivage et la mer.

— Allez donc ! dit Mme Hartwig, menez-y tous ces jeunes gens-là.

— Si c’est mademoiselle Else qui nous conduit, dit Max Lintzow en s’inclinant respectueusement, j’irai au bout du monde.

Else devint pourpre. Jamais on ne lui avait rien dit de pareil… Et ce beau jeune homme incliné si profondément devant elle et dont les paroles paraissaient si