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gelé très fort dans la nuit, elle montait en chantant dans la lande, jusqu’à ce qu’elle se rappelât qu’elle avait faim. Elle redescendait alors en tournoyant, et venait s’abattre comme un caillou sur le sol.

Le vanneau allait à petits pas, l’air songeur, plongeant de temps en temps la tête entre les touffes de bruyère. Il n’avait pas grande confiance dans l’alouette, lui. Quelques canards sauvages fouillaient plus loin dans une fourmilière, et le plus vieux disait aux autres que tant qu’on n’aurait pas eu de pluie, il ne fallait pas croire au printemps.

Le vieux canard avait raison. La pluie arriva, froide d’abord, peu à peu plus chaude, et enfin le soleil se montra pour tout de bon. Un vrai soleil de printemps, réchauffant l’air depuis le matin jusque bien avant dans la nuit qui était tiède et humide.

Bientôt régna partout une extrême activité. Tout était en retard, il fallait bien rattraper le temps perdu. Les feuilles jaillirent des bourgeons gonflés, les petites fleurettes prirent leur élan, frétillant sur leurs tiges vertes, et les collines de bruyères qui regardaient la mer se couvrirent de teintes claires.

    de ses plus beaux romans ; Else, petite nouvelle qui a été traduite en français ; la Fête de la Saint-Jean, sorte de pamphlet politique, etc., etc.

    Kielland a pris une part active aux querelles politiques si ardentes en Norvège depuis quelques années. Aussi ne lui avait-on pas alloué la petite pension que sous le nom de « Digtergage » — salaire du poète — le gouvernement norvégien alloue aux écrivains les plus éminents du pays. C’est à cette occasion que Björnsön, indigné, refusa de recevoir la sienne. Mais les choses se sont arrangées depuis, et Kielland a été nommé en 1891 aux fonctions de bourgmestre à Stavanger, sa ville natale.

    M. L. Bernardini, dans la série d’études publiées par la Revue hebdomadaire en décembre 1893, janvier et février 1894, sous le titre « En Scandinavie », a consacré à Kielland et à son œuvre un chapitre auquel nous renvoyons les lecteurs (Revue hebdomadaire, no du 10 février 1894).