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LE PRESBYTÈRE[1]

NOUVELLE



C’était à croire que le printemps ne viendrait jamais. Pendant tout le mois d’avril il y eut des gelées de nuit, et le vent du nord souffla sans interruption. Cependant, le soleil étant très chaud au milieu du jour, les grosses mouches commencèrent à bourdonner et l’alouette assura à haute voix que l’on était en plein été.

Mais l’alouette est un être auquel on ne peut pas se fier. Oubliant aux premiers rayons du soleil qu’il avait

  1. Le petit conte de Kielland que nous donnons ici fait partie d’une série de Nouvelles qui furent très goûtées dans les pays scandinaves et ont été traduites en Allemagne et en Angleterre, comme d’ailleurs la plupart des œuvres de l’auteur.

    Alexandre Kielland est né à Stavanger en 1847. Il appartient à ce quatuor d’écrivains célèbres dont les noms sont inséparables du mouvement norvégien actuel. C’est, avec Ibsen, Björnsön et Lie, l’un des auteurs les plus caractéristiques de la Norvège contemporaine. Mais il nous la fait connaître moins par les côtés pittoresques qu’au point de vue social. Ses œuvres sont surtout remarquables par l’observation et l’analyse, la critique satirique et l’humour, sous la parfaite élégance de la forme.

    Outre les Nouvelles, Kielland a publié un grand nombre de romans d’études sociales parmi lesquels nous citerons : Le capitaine Worse, étude du milieu sectaire norvégien ; Garman et Worse, l’un