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CONTES

outils et du chant mâle des travailleurs. Le professeur perdit une à une ses dernières élèves de solfège. Un jour, pourtant, les maçons eurent élargi suffisamment la fenêtre et l’on put espérer que le piano irait reprendre sa place devant le tabouret à vis qui l’attendait à côté de la cheminée.

Ce jour-là, le résultat fut définitif, mais contraire à toutes les prévisions. Une corde céda au moment le plus critique et le meuble, claquant du couvercle et agitant désespérément ses bougeoirs de cuivre, partit tout droit rompre les reins aux deux chevaux pommelés d’un omnibus qui parcourait, ainsi qu’à l’ordinaire, la voie publique.

Nous renonçons à peindre le désespoir des parents… Quant à Mlle Céréda, elle passe actuellement pour la plus douce pensionnaire d’une maison de santé de Loir-et-Cher. On ne confie qu’à elle le soin de préparer le programme des petites fêtes musicales que ses compagnes ont accoutumé d’offrir à l’épouse du directeur pour le jour de son anniversaire.


LES MATELOTS DE LA « BELLE-JULIE »

Les matelots

Pompez, pompez,
De la Belle-Julie
L’ont pavoisée
Pompez, pompez,
De brillantes couleurs.
Canonniers,
Gabiers,

Vive le jus de la treille !

Lorsque la Belle-Julie (pavoisée de brillantes couleurs) traversa pour la première fois la ligne équatoriale, chacun à bord but plus que de raison, au point que la perruche verte du timonier, demeurée muette depuis le désastre de Trafalgar, recouvra dans l’alcool le don de