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L’HÉROÏQUE DESTINÉE DE MARIE LENÉRU

cachés, retenus sur vos lèvres où celle-là même qui croyait lire toutes les paroles de votre cœur ne les a pas vus. C’est méconnaître votre plus grand effort, celui de vivre sans faiblir une destinée d’exception. De votre douleur, vous n’aviez pas la vocation. Quand vous l’avez connue, elle vous fit horreur. Mais vous portiez ce génie des âmes fortes qui incorporent tout à leur perfection.

Parce que vous avez eu la pudeur classique de vos larmes, est-ce à nous d’oublier qu’elles sont plus précieuses pour avoir coulé dans la nuit ?

Six ans ont passé depuis votre mort, et sans cesse s’accroît le nombre de ceux qui se pressent autour de votre œuvre, de votre mémoire, — jeune fille d’une pureté magnifique, à la fois si grande et si près de nous, qui n’avez voulu du talent que pour être aimée.


JEAN BALDE.


Septembre 1924.