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L’HÉROÏQUE DESTINÉE

DE MARIE LENÉRU



La noble et hautaine figure de Marie Lenéru eût été, en toutes circonstances, de celles qui attirent les natures éprises de beauté morale. Quand elle mourut, le 23 septembre 1918, elle était connue par quelques succès éclatants et le pathétique d’une rare infortune. Depuis, elle n’a pas cessé de grandir, c’est-à-dire de révéler sa qualité d’âme. Fille des jansénistes, élève de Pascal, elle a dépensé pour le chef-d’œuvre que fut sa vie une somme d’énergie et d’intelligence qui marque sa place parmi les personnalités supérieures.

Cette jeune fille a dû faire de la solitude et de la souffrance une expérience qu’elle a payée cher. Du moins sa volonté héroïque, a-t-elle su la porter sur ces plans de la vie où toute douleur est transfigurée. À s’approcher d’elle, on respire dans l’atmosphère créée par son âme quelque chose d’âpre et de tonifiant — un peu de ce vent entraînant du large qui a passé sur la houle marine et qu’elle aimait tant.

C’est une extraordinaire histoire morale que celle de cette femme, engagée presque enfant encore dans la plus terrible épreuve, qui a affronté sa destinée, puis l’a surmontée, trouvant dans le malheur même qui semblait l’exclure du monde des points d’appui pour perfectionner sa vie intérieure et pour s’élever. Certains lui ont re-