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le Bohême intrépide, le Lombard généreux mourraient pour te défendre aux pieds divins de Maria Hilf.

Je n’ai pu moi-même planter le clou symbolique dans le tronc chargé de fer (Stock-im-Eisen) posé à l’entrée du Graven, à la porte d’un bijoutier, — mais j’ai versé mes plus douces larmes et les plus pures affections de mon cœur le long des places et des rues, sur les bastions, dans les allées de l’Augarten et sous les bosquets du Prater. J’ai attendri de mes chants d’amour les biches timides et les faisans privés. J’ai promené mes rêveries sur les rampes gazonnées de Schœnbrunn. J’adorais les pâles statues de ces jardins que couronne la gloriette de Marie-Thérèse, et les chimères du vieux palais m’ont ravi mon cœur pendant que j’admirais leurs yeux divins et que j’espérais m’allaiter à leurs seins de marbre éclatant.

Pardonne-moi d’avoir surpris un regard de tes beaux yeux, auguste archiduchesse, dont j’aimais tant l’image peinte sur une enseigne de magasin. Tu me rappelais l’autre… rêve de mes jeunes amours, pour qui j’ai si souvent franchi l’espace qui séparait mon toit natal de la ville des Stuart ! J’allais à pied traversant plaines et bois, rêvant à la Diane valoise qui protège les Médicis, et quand, au-dessus des maisons du Pecq et du pavillon d’Henri IV, j’apercevais les tours de brique couronnées d’ardoises, alors je traversais la Seine qui languit et se replie autour de ses îles, et je m’engageais dans les ruines solennelles du vieux château de Saint-Germain. L’aspect ténébreux des hauts portiques, où plane la souris chauve, où fuit le lézard, où bondit le chevreau qui broute les vertes acanthes, me remplissait de joie et d’amour. Puis, quand j’avais gagné le plateau de la montagne, fut-ce à travers le vent et l’orage, quel bonheur encore d’apercevoir au-delà des maisons la côte bleuâtre de Mareil, avec son église où reposent les cendres du vieux seigneur de Monteynard.

Le souvenir de mes belles cousines, ces intrépides chas-