Page:La Revue du mois, année 6, numéros 61-66, 1911.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.

calculs et les résultats, d’une manière définitive et sans appel, et tirer ensuite les conclusions, telles quelles.
xxxx Vous trouverez probablement ce travail bien long, vous jugerez qu’il eût été plus simple, plus sage d’en supprimer une partie, et de ne publier que les expériences auxquelles je me suis arrêté définitivement. Ce n’est pas mon avis ; je tenais beaucoup à maintenir l’ordre historique, c’est-à-dire celui que j’ai réellement suivi et qui m’a fait reconnaître successivement toutes les causes qui influent sur les phénomènes. Les expériences anciennes ont été faites avec la même précision que les nouvelles, et quand elles présentent des différences, cela tient à l’influence de causes particulières que je concevais déjà bien dès cette époque, mais auxquelles j’accordais une influence moindre…
xxxx Au reste, il vaut mieux que je laisse entière votre liberté de jugement, la jeunesse de vos idées, afin que vous posiez vos desiderata sans vous inquiéter de la difficulté qu’il peut y avoir à les satisfaire.

Les conditions matérielles dans lesquelles Regnault travailla furent d’ailleurs excellentes : les ressources ne lui firent jamais défaut pour établir les appareils souvent très coûteux dont il avait besoin. Il n’en est malheureusement pas toujours ainsi dans nos laboratoires du Collège de France.

En dehors des crédits réguliers notoirement insuffisants dont son laboratoire disposait, le ministère des Travaux publics lui fournit tout d’abord les sommes nécessaires pour remplir la mission dont il l’avait chargé. On crut un instant, après la Révolution de 1848 et le changement du gouvernement, que cet appui allait lui manquer ; l’importance que dans le monde entier on attachait à ses travaux était telle que, sur l’initiative de deux de ses membres, la chambre de commerce de Londres offrit à Regnault de lui fournir toute l’aide dont il aurait besoin. Je me hâte d’ajouter que cela ne fut pas nécessaire. Plus tard, les relations personnelles qui s’établirent entre Napoléon III, très curieux des choses de la science, et Regnault, permirent à celui-ci d’obtenir directement des fonds sur la cassette impériale. Des souvenirs de ses assistants nous le montrent, lorsqu’une circonstance imprévue l’exigeait, partant aux Tuileries, presque dans sa tenue de laboratoire, pour aller chercher les ressources qui lui faisaient défaut.

La plupart des appareils qu’il construisit ainsi sont encore dans mon laboratoire ; nous avons fait figurer les plus trans-