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LA REVUE DU MOIS

me croire sur parole puisque j’étais seul survivant des deux interlocuteurs. Le ministre parut se laisser convaincre, mais il trouvait la somme trop élevée et parut disposé à nous accorder 50 000 francs. Un peu suffoqué, et pris de court, j’eus la pensée de lui dire : « Monsieur le Ministre, ce ne serait pas digne du nom de Giffard, que nous voulons inscrire sur le pavillon à édifier. »

Il voulut bien sourire à mon observation, ce qui est toujours bon signe, et accueillir notre demande sans réduction.

Cette deuxième partie de la carrière de Mascart, remplie par ses travaux d’électricité, l’organisation des services météorologiques en France, la fixation et la détermination précise des unités électriques, se termina en 1884 à peu près au moment où, par suite de la mort de Jamin, il entra dans la section de Physique de l’Académie des Sciences, aux travaux de laquelle il devait prendre la part la plus active et dont il devint successivement vice-président, puis président.

À partir de ce moment, il abandonna à peu près complètement la recherche scientifique pour passer à l’action et y réussit également bien par les mêmes qualités d’esprit.

La clarté parfaite avec laquelle il comprenait et l’aisance avec laquelle il agissait lui avaient permis, dans la recherche, de joindre une critique impeccable et profonde à la réalisation des expériences les plus délicates et les plus précises et ont donné à ses travaux leur forme classique et définitive.

Ce même équilibre donne les qualités du chef ; Mascart les possédait au degré le plus élevé et conquit, grâce à elles, une autorité que peu d’hommes ont exercée. On peut dire que rien d’important ne se faisait en France au point de vue scientifique sans qu’il fût consulté.

Déjà directeur du Bureau central météorologique, il devint successivement vice-président du Conseil supérieur de l’Instruction publique, président du Comité consultatif des arts et manufactures, président de la Commission des inventions au ministère de la Guerre, membre du Bureau des longitudes, président du Bureau international des poids et mesures, du Comité météorologique international, etc. Le Conseil des professeurs du Collège de France l’avait choisi pour son vice-président.

Il jouissait à l’étranger, auprès des savants les plus éminents, d’une autorité très haute, due à sa lucidité et à la droiture de