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LA REVUE DU MOIS

Le même souci d’assurer la pénétration mutuelle de la science électrique et de ses applications fit jouer à Mascart le rôle le plus actif dans la création d’un Laboratoire central, dépendant de la Société internationale des électriciens, chargé du contrôle des appareils de mesure industriels, chargé de surveiller et de maintenir l’emploi effectif des unités adoptées, sorte de lien vivant entre la science et la technique. Peu à peu, le développement de ce laboratoire amena la création d’une école annexe, devenue l’École supérieure d’Électricité, où se forment des ingénieurs sous la direction des savants.

Pour réunir la somme élevée nécessaire à l’exécution de ce projet, Mascart déploya une remarquable activité. Il se rendait compte que l’importance du résultat à obtenir lui donnait le droit d’exiger l’appui financier des grands détenteurs d’argent et il savait leur parler au nom des besoins élevés de la science. Je lui laisse encore la parole, car le passage suivant de la même allocution montre bien comment il procédait :

Quelques semaines plus tard, quand le succès de l’Exposition de 1881 eut assuré des bénéfices importants à la Société de garantie, M. Dumas qui entrevoyait l’avenir de l’industrie nouvelle, eut l’idée d’une belle œuvre nationale : c’était de constituer une société au capital de trois millions dans le but d’instituer un grand laboratoire de recherches scientifiques et pratiques pour aider au développement de l’électricité.

Les bénéfices de l’Exposition devaient en former le premier appoint et les circonstances étaient particulièrement favorables pour trouver auprès des compagnies industrielles les souscriptions nécessaires.

Tout parut d’abord marcher à souhait, mais des susceptibilités personnelles et l’ombrage causé par le nom de Dumas, alors peu en faveur auprès des pouvoirs, amenèrent finalement l’échec de l’entreprise.

Le ministère des Postes et Télégraphes se fit attribuer les bénéfices de l’Exposition en se chargeant de créer lui-même et d’entretenir ce laboratoire. On sait ce qui en est advenu.

M. Dumas fut très ému de cette déconvenue et surtout des termes par lesquels la décision lui était communiquée. Comme nous en causions le lendemain, en nous communiquant nos impressions, j’exprimai ma surprise qu’il ait eu l’espoir de réunir un capital aussi important. Il répondit : « J’avais en poche cinq cent mille francs de Giffard ». — C’est une parole dont je me suis souvenu en temps opportun.