Page:La Revue du mois, année 4, tome 8, juillet-décembre 1909.djvu/405

Cette page a été validée par deux contributeurs.
401
L’ŒUVRE DE MASCART

blanc que furent convenues les trois unités suivantes : Ampère (au lieu de Weber), Coulomb et Farad.

J’étais chargé d’en lire le texte le lendemain 21 septembre en séance générale. Nombre de membres de la Commission, qui ne connaissaient que la séance du samedi, en furent bien un peu surpris, mais les commentaires de Lord Kelvin et de von Helmholtz ne permirent plus aucune hésitation. Le système pratique d’unités était fondé.

De cette circonstance datent les relations d’amitié très droites qui unirent Mascart à Lord Kelvin jusqu’à la mort de ce dernier, à la fin de 1907, moins d’un an avant celle de Mascart. L’illustre physicien anglais ne traversait jamais Paris, dans ses fréquents voyages à Cannes, sans venir causer longuement avec Mascart, et celui-ci me montrait l’an dernier avec émotion une lettre touchante de Kelvin, écrite quelques jours avant sa mort et où il s’informait avec sollicitude de la santé de son ami, atteint déjà du mal qui devait l’emporter.

Les décisions prises par le Congrès de 1881 exigeaient qu’on s’occupât de créer des étalons représentant matériellement les unités choisies. Tout d’abord il fallait déterminer la longueur de la colonne de mercure d’un millimètre carré de section et de résistance égale à l’ohm théorique qu’on venait de définir. Les mesures délicates nécessaires pour cela furent entreprises de différents côtés : en France, par Mascart avec la collaboration de MM. de Nerville et Benoît. Les travaux, commencés au Collège de France durent être continués à Versailles, dans le palais de Trianon, beaucoup plus éloigné de toute cause accidentelle de perturbation, et après trois années consacrées à cette œuvre, le nombre définitif, donné par Mascart 106,3 concordait exactement avec celui qu’en Angleterre Lord Rayleigh obtenait par une méthode différente. C’est ce nombre qui fut accepté par le Congrès de Chicago, sanctionnant et complétant les décisions prises en 1881.

Un autre travail considérable fut relatif à la détermination de l’étalon pratique d’intensité, du poids d’argent déposé en une seconde par l’ampère défini en 1881. Le résultat de Mascart parut d’abord s’écarter légèrement des nombres obtenus à l’étranger, mais un examen plus attentif montra que la divergence était due à une erreur systématique provenant d’une erreur minime dans la graduation de la règle employée par Mascart pour ses mesures de longueur.