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LA REVUE DU MOIS

En 1872, au moment même où Mascart se donnait la tâche de renouveler l’enseignement de l’électricité en France, un ouvrier belge, Zénobe Gramme, créait la machine dynamo-électrique, par une intuition remarquable d’où est sortie toute l’industrie électrique moderne.

Mascart s’intéressa l’un des premiers à l’engin nouveau, montra comment son fonctionnement, mal compris tout d’abord, relevait des principes généraux de la Physique, et dirigea l’effort colossal, qui permit, en moins de trente ans, de passer, dans la construction des machines dynamos, de l’empirisme primitif à la précision absolue de l’électrotechnique actuelle.

Il développa, en effet, dès 1877, la théorie de ces machines en les rattachant aux lois de l’énergétique, et vérifia ses prévisions dans un travail expérimental fait avec l’aide de M. Angot, son collaborateur, puis son successeur au Bureau central météorologique.

Mascart se trouva conduit ainsi à prendre une part importante à l’organisation de la section occupée par les nouvelles machines dans l’Exposition de 1878 qui apprit au grand public la naissance de l’industrie électrique.

Le rapide développement de cette industrie lui fit consacrer à Paris en 1881 une Exposition particulière qui resta célèbre tant par la nouveauté de son objet que par l’importance des décisions que prit le Congrès de savants et d’ingénieurs réunis à cette occasion.

Il était en effet devenu indispensable d’arriver à une entente internationale sur le choix des unités électriques. Cette question, extrêmement complexe déjà au point de vue purement théorique, se trouvait rendue plus difficile encore par les exigences quotidiennes de la pratique. Il était nécessaire que les unités choisies pour les plus fondamentales des multiples grandeurs introduites par la science électrique fussent représentées par des étalons faciles à reproduire et définis de manière rigoureuse. Deux tendances s’opposaient : les praticiens voulaient se contenter d’unités arbitraires, définies aussi simplement que possible et sans lien nécessaire avec les systèmes théoriques d’unités tels que les avaient édifiés Gauss, Thomson et Weber. Pour la résistance électrique, en particulier, le célèbre ingénieur allemand Werner Siemens voulait faire accepter l’unité qui porte son nom, définie arbitrairement comme la résistance