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L’ŒUVRE DE MASCART

nous possédions sur l’Optique physique, le bilan de la théorie ondulatoire telle que l’avaient conçue Fresnel et ses précurseurs.

J’ai dit comment l’enseignement de Mascart au Collège le conduisit dès 1872 à s’occuper d’électricité de manière plus complète qu’il n’avait fait jusque là, plus complète surtout que personne ne le faisait en France à cette époque.

Il y avait en effet, dans ce domaine, un retard considérable de la Science française. Peut-être parce que l’Optique avait absorbé l’attention des continuateurs de Fresnel, les progrès considérables accomplis en électricité par Faraday, Gauss, Weber, W. Thomson et Maxwell étaient restés chez nous à peu près inconnus. Ampère n’y avait pas fait souche autant que Fresnel. Les notions fondamentales de champ électrique et de potentiel n’étaient comprises ici que de quelques mathématiciens ; les idées de Faraday sur les lignes de force et le rôle du diélectrique, reprises et développées par Maxwell, les conceptions géniales à peine formulées encore de ce même Maxwell sur la théorie électromagnétique de la lumière, les travaux de Gauss, Weber, W. Thomson sur les unités électriques et les méthodes de mesure étaient à peu près complètement ignorés.

Mascart prit à tâche, conformément au rôle que doit avoir l’enseignement du Collège de France, d’acclimater ici ces choses essentielles. Ce ne fut d’ailleurs pas sans rencontrer quelques oppositions : il me rappelait en riant comment un vulgarisateur célèbre de l’époque l’avait surnommé « Chevalier du Potentiel », et il n’est pas nécessaire de remonter bien loin pour retrouver des traces de l’effroi qu’inspirait aux élèves, et même aux professeurs, le mot mystérieux de Potentiel. Tout cela nous est devenu plus familier maintenant, mais il est bon de rappeler que ce fut, au début, l’œuvre de Mascart.

L’électrostatique fut une révélation pour lui et il s’y adonna avec enthousiasme, faisant son livre de chevet des fameux « Reprints of Papers » de W. Thomson (Lord Kelvin) ; après avoir publié quelques travaux théoriques et expérimentaux dans cette direction, il réunit sous une première forme son enseignement dans son Traité d’Électricité statique en deux volumes (1876) que devait bientôt compléter l’important Traité d’Électricité et de Magnétisme écrit de 1882 à 1886