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LA REVUE DU MOIS

d’électricité de manière approfondie et à modifier par la suite le but de ses recherches et la direction même de son activité.

Mascart fut un admirable professeur : il disait s’être formé à la rude discipline de l’enseignement secondaire auquel il appartint pendant quatre ans, de 1864 à 1868, et où il laissa, chez ses anciens élèves, un souvenir profond dont j’ai pu recueillir divers témoignages. Il conseillait d’ailleurs très vivement aux débutants d’éprouver leur enthousiasme pour la science en passant par cette forte école où le contact du maître avec l’élève, plus intime que dans l’enseignement supérieur, en même temps que le sentiment des responsabilités, oblige à un effort constant pour transmettre la pensée, à un souci d’ordre et de méthode moins indispensables à un niveau plus élevé.

Il apportait tout d’abord un soin et une conscience extrêmes dans la préparation de ses Cours du Collège où il ne reculait devant l’exposé d’aucune question si difficile qu’elle fût. Il me montrait un jour, dans son cabinet du Bureau central météorologique, une armoire pleine des feuilles, soigneusement classées, où s’était accumulé son travail quotidien. J’ai pu, depuis sa mort, les manier à loisir et y retrouver l’écho de toutes ces préoccupations anciennes, notées au hasard de la pensée, de son écriture ferme et menue ; et mes souvenirs d’étudiant me le montraient, entrant, ces mêmes feuilles à la main, dans son amphithéâtre du Collège, pour y faire la leçon si soigneusement mûrie. J’avais plaisir à entendre sa voix, claire et fluente, dire avec facilité et précision des choses souvent abstraites. Il avait l’attitude naturelle et aisée et calculait fort bien au tableau.

Il aimait les belles expériences et son habileté expérimentale lui permettait d’en montrer à ses leçons de fort belles en effet pour la préparation desquelles il n’avait ménagé aucune peine. Jamais les beaux phénomènes de l’Optique, qu’il connaissait si bien, ne furent mieux présentés.

Au travail de ses recherches et de son enseignement qui lui avaient donné de l’optique une connaissance si complète, il ajouta l’effort de publier, entre 1886 et 1893, alors qu’il était déjà pris par d’autres préoccupations, son magistral Traité d’Optique, en trois gros volumes, où il a dépouillé, ordonné et exposé avec une clarté parfaite l’œuvre d’un siècle sur un sujet difficile et fécond. C’est vraiment l’ouvrage le plus complet que