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LA REVUE DU MOIS

Doppler, que si les deux étoiles émettent la même lumière, la période des vibrations reçues par la Terre n’est pas la même des deux côtés : on reçoit dans le même temps plus de vibrations de l’étoile vers laquelle on s’avance que de celle dont on s’éloigne ; et Mascart en peut conclure que, si l’expérience d’Arago est correcte, une différence de réfraction doit s’observer si l’on remplace les deux étoiles par deux sources liées à la Terre, ou, ce qui revient au même, qu’on devra apercevoir un changement de déviation en opérant avec une source terrestre dont les rayons se propageront alternativement dans le sens et en sens contraire du mouvement de la Terre. Une expérience n’utilisant que des appareils liés à la Terre permettrait donc de mettre en évidence un mouvement de translation de celle-ci.

Mascart monta l’expérience avec un soin extrême, suivant de midi à minuit la réfraction d’un rayon lumineux dans un prisme pour voir si le retournement de la Terre, renversant la direction des rayons lumineux par rapport au mouvement de translation, apporterait le moindre changement dans la déviation produite par le prisme et, après de multiples essais, il conclut par la négative : le phénomène observé est absolument indépendant du mouvement de translation d’ensemble et le résultat primitif d’Arago ne pouvait être complètement exact.

On était conduit à se demander si le même résultat négatif s’appliquait à toutes les expériences d’optique utilisant uniquement des appareils liés à la Terre. Mascart reprit l’une après l’autre toutes ces expériences : diffraction par les réseaux, double réfraction dans le spath, rotation du plan de polarisation par le quartz, phénomènes variés d’interférences ; il les reprit dans des conditions d’extrême précision, les variations possibles étant extrêmement faibles, et dans tous les cas le résultat fut absolument négatif ; il termine de la manière suivante le dernier de ses Mémoires sur ce sujet :

La conclusion générale de ce Mémoire serait donc que le mouvement de translation de la Terre n’a aucune influence appréciable sur les phénomènes d’optique produits avec une source terrestre, que ces phénomènes ne nous donnent pas le moyen d’apprécier le mouvement absolu d’un corps et que les mouvements relatifs sont les seuls que nous puissions atteindre.

C’était là, énoncé pour la première fois, sous forme définitive