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L’ŒUVRE DE MASCART

direction fixe, différente de celle dans laquelle lui arrive la lumière ; j’ai trouvé, en effet, une note manuscrite où Mascart relate que cet effort provoque un malaise comparable au mal de mer. Il combina également un optomètre pour la mesure des diverses constantes optiques de l’œil et la détermination précise de ses anomalies. Enfin il contribua à la théorie importante qui explique la vision des couleurs par la superposition de trois sensations simples fondamentales, une couleur quelconque pouvant, au point de vue physiologique, être obtenue par le mélange, en proportions convenables, de trois couleurs simples fondamentales. Il imagina un dispositif permettant de réaliser de semblables mélanges en toutes proportions, d’obtenir la synthèse de toutes les sensations colorées.

Au lendemain du triomphe de la théorie des ondulations, des questions nombreuses se posaient, soit pour en préciser les conceptions fondamentales, soit pour en poursuivre les conséquences et pour utiliser l’admirable instrument de recherches constitué par les phénomènes nouveaux d’interférences qu’elle avait fait découvrir et qu’elle seule pouvait expliquer. Mascart, familier avec la théorie, connut mieux que personne tous ces phénomènes dans toute la complexité de leurs multiples manifestations, et leur consacra une grande partie de son effort.

Une grosse question tout d’abord était relative à la direction des vibrations élastiques dans lesquelles on supposait que la lumière consiste. Ces vibrations étaient-elles perpendiculaires au plan de polarisation, comme l’admettait Fresnel, ou situées dans ce plan, comme le supposait Neumann ? Stokes avait cru trouver, dans l’observation de la lumière diffractée par un réseau dans des directions très écartées de la lumière incidente, un moyen de trancher la question.

Mascart, très au courant du maniement des réseaux, chercha, conformément au critérium de Stokes, comment varie la lumière diffractée suivant que le plan de polarisation de la lumière incidente est parallèle ou perpendiculaire aux traits du réseau, et aboutit à cette conclusion que, malgré une indication en faveur de la théorie de Fresnel, aucun résultat sûr ne peut être obtenu. Ceci montre avec quelle conscience Mascart savait observer puisque cette classe de faits ne devait être