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LA REVUE DU MOIS

groupes de raies, doublets pour le sodium, triplets pour le magnésium, se répétant à plusieurs reprises dans le spectre avec le même aspect, le même intervalle entre les composantes, première indication de ce qu’on appelle aujourd’hui les séries spectrales.

Pour fixer la position des diverses raies dans le spectre, pour caractériser chacune d’elles par sa longueur d’onde, suivant les conceptions de la théorie nouvelle, il fallait, au moins pour un certain nombre d’entre elles, faire des déterminations précises de longueurs d’onde, et Mascart utilisa dans ce but le procédé, nouveau alors, classique aujourd’hui, des réseaux. Il importe de rappeler que ce procédé est devenu classique sous la forme même où Mascart l’employa après avoir reconnu et fait servir à ses mesures l’existence d’un minimum de déviation comparable à celui du prisme. Après une étude minutieuse de très grosses difficultés expérimentales, cinquante longueurs d’onde furent ainsi mesurées en valeur absolue, dans le spectre du soleil et dans celui d’un grand nombre de métaux.

L’Académie des Sciences récompensa ce travail par le prix Bordin, et Fizeau s’exprime ainsi dans son rapport : « Le Mémoire no 1 est certainement le travail le plus approfondi et le plus satisfaisant qui ait été fait depuis Frauenhofer relativement aux longueurs d’onde des divers rayons qui composent la lumière. »

Des déterminations précises d’indices de réfraction dans le spath et dans le quartz, pour les raies dont il venait de mesurer les longueurs d’onde, permirent à Mascart de donner, avec une exactitude qui n’a pas été dépassée depuis, les formules de dispersion de ces deux substances.

À cette époque de grande activité dans tous les domaines de l’Optique, Helmholtz venait de renouveler, sinon de créer l’optique physiologique. Mascart y contribua de manière importante d’abord par une étude, liée à ses recherches précédentes sur la visibilité du spectre ultra-violet, qu’il trouva très variable d’un sujet à l’autre et particulièrement grande chez les myopes ; puis il étudia la manière dont varie d’un point à l’autre de la rétine la sensibilité pour les diverses couleurs. Il fut obligé d’interrompre ces dernières recherches rendues particulièrement pénibles par l’obligation de maintenir l’œil dans une