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L’ŒUVRE DE MASCART

spectrale. La théorie des ondulations, sortie tout armée du cerveau de Fresnel, avait à peine triomphé de l’ancienne théorie de l’émission, puisque l’expérience décisive de Foucault remontait à dix ans et que l’illustre Biot, le dernier défenseur des idées de Newton, était mort récemment. On était tout vibrant encore de la bataille et il fallait reconnaître plus complètement le territoire conquis. De plus, Mascart avait eu la bonne fortune de suivre à l’École Normale l’enseignement de Verdet qu’il devait suppléer lui-même en 1866, et l’influence de ce maître éminent a certainement déterminé l’orientation des premiers travaux de Mascart.

Ceux-ci, sur lesquels il soutint sa thèse en 1864, sont relatifs au spectre solaire ultra-violet et à la détermination des longueurs d’onde ; c’est donc à la fois de l’analyse spectrale et de la théorie des ondulations.

Il s’agissait tout d’abord d’étendre aussi loin que possible dans la région invisible ultra-violette l’étude des raies obscures du spectre solaire commencée par Frauenhofer. Après avoir étudié la sensibilité de l’œil dans cette région, Mascart remplaça la rétine par la pellicule photographique et inaugura ainsi la technique, universellement utilisée aujourd’hui, de la spectroscopie photographique : il put reconnaître et dessiner plus de sept cents raies nouvelles.

L’intérêt qui s’attachait à cette recherche provenait surtout de la découverte toute récente par Kirchhoff et Bunsen de la coïncidence entre les raies obscures du spectre solaire et les raies brillantes présentes dans le spectre de certaines vapeurs métalliques, permettant l’analyse de l’atmosphère solaire. Mascart répéta pour les étincelles jaillissant entre pointes métalliques l’étude qu’il venait de faire pour le soleil et obtint des spectres très étendus qui lui permirent de retrouver dans l’ultra-violet solaire de nombreuses raies du magnésium, du zinc, du fer (plus de cent raies pour ce dernier métal), et d’affirmer que les raies du thallium et du cadmium, absentes dans la partie visible du spectre solaire, le sont aussi dans l’ultra-violet.

La technique nouvelle qu’il avait créée conduisit Mascart à une remarque fondamentale sur la question, si obscure encore, des relations entre les différentes raies du spectre d’un même élément. Il observa, pour la première fois, la présence de