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RÔLE DES EXCURSIONS DANS L’ENSEIGNEMENT DES SCIENCES

tions personnelles ; ils disséqueront par exemple une fleur, une graine ; c’est fort bien, mais j’estime que cela est tout à fait suffisant, et comme nombre de ces exercices manuels, et comme méthode y présidant ; ces exercices sont en effet pris sur les classes ; or il existe un programme, qui est généralement très chargé, et si on veut le remplir ce sera aux dépens des travaux pratiques ; mais ceux-ci deviendraient-ils plus nombreux qu’ils n’atteindraient pas exactement le but que nous avons reconnu à l’enseignement des sciences naturelles.

Ils sont évidemment utiles en ce sens qu’ils développent l’habileté des doigts, ce qui n’est pas négligeable, et surtout qu’ils rectifient les idées fausses que se font les élèves sur la grandeur des objets qu’on leur décrit et dont ils n’ont, le plus souvent, que des représentations sous forme de tableaux muraux, de figures tracées au tableau ou imprimées dans les livres, sans qu’à aucun instant ils aient même à leur disposition une échelle qui leur permette, et encore la chose n’irait pas sans difficulté, d’établir une comparaison avec un objet bien connu ; combien de candidats au baccalauréat se font une idée ridiculement fausse de la taille d’une cellule et de ses divers éléments.

Par les exercices pratiques, l’élève est déjà en contact avec la nature ; les difficultés qu’il rencontre lui montrent d’autre part que les descriptions qu’on lui a faites des différents objets sont souvent beaucoup plus précises que ce qu’il peut observer par lui-même ; cela l’incite à mieux regarder ce qu’on lui a mis sous les yeux et le renseigne sur le genre de difficultés qu’on peut rencontrer dans la simple observation.

L’introduction de quelques manipulations très simples dans l’enseignement des sciences naturelles n’est donc que très louable, mais ce sont là des exercices forcément très limités et si elles permettent de faire toucher du doigt un certain nombre d’objets, elles n’apprennent pas à l’élevé à voir par lui-même ; elles ne sont en effet que des observations provoquées ; l’élève sait d’avance ce qu’il a à voir, c’est un travail de vérification auquel il se livre. Je ne vois qu’une seule manière d’atteindre le but qu’on se propose, c’est de donner aux excursions une part aussi large que possible dans l’enseignement des sciences natu-