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conclusions des expériences et non plus, comme cela s’est longtemps pratiqué dans l’enseignement secondaire, les expériences après l’énoncé de la loi correspondante.

Le mécanisme de la méthode expérimentale est ainsi toujours présent aux élèves et leur esprit ne peut faire autrement que de s’en imprégner ; alors même que les collégiens devraient plus tard oublier tous les théorèmes de mathématiques ou l’énoncé de toutes les lois physiques qu’ils ont apprises il leur reste du moins, comme fruit de leurs efforts, un développement intellectuel des plus utiles ; ils apprennent à raisonner et cultivent leur faculté de généralisation, en partant d’observations et instituant à partir d’elles, des expériences appropriées. Mais les observations dans les sciences physiques sont relativement peu nombreuses, peu variées et ce n’est pas à ces sciences qu’il faut s’adresser pour apprendre à l’enfant à bien voir ; c’est précisément aux sciences naturelles que revient cette part dans l’éducation et il y a lieu de se demander si la manière dont on les enseigne actuellement est adéquate au rôle qu’elles doivent jouer.

Personne d’ailleurs ne paraît mettre en doute que c’est bien au point de vue que nous venons d’indiquer qu’il faut envisager l’enseignement qui nous occupe ; mais en pratique on reste très timide. À vrai dire il se manifeste à l’heure actuelle une tendance très marquée à rendre l’étude des sciences aussi concrète que possible ; il n’est pas jusqu’aux mathématiques où on ne cherche à réagir contre une ancienne habitude qui consistait à attacher peu d’importance au point de départ d’un raisonnement, pourvu que ce dernier soit exact ; on voudrait que les données initiales soient toujours expérimentales et non pas construites de toutes pièces par notre esprit et n’ayant aucun rapport avec la réalité.

En physique, on met les élèves en présence des appareils, on les initie à leur maniement, on leur apprend à en construire de très simples, à s’en servir pour l’établissement d’une loi ; il en va de même pour les sciences naturelles ; on montre aux élèves les objets dont on les entretient, autant du moins que cela est possible ; on leur fait même faire un petit nombre de manipula-