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rience personnelle d’écolier, et sont établies d’autres part sur les résultats que j’ai pu observer aux examens du baccalauréat, à divers concours, enfin sur le profit que tirent de cet enseignement les étudiants qui préparent les certificats des sciences naturelles.

Demandons-nous tout d’abord quelles sont les raisons qui militent en faveur de l’enseignement des sciences biologiques dans les lycées. Il y en a plusieurs, mais d’importance très inégale. Peut-on admettre actuellement qu’un jeune homme, au sortir de ses classes, ne sache rien de tout ce qui concerne le monde vivant ? Est-il possible que tout homme cultivé ne connaisse pas, au moins dans ses grandes lignes, la manière dont est construite la machine humaine et dont elle fonctionne ? À l’époque où les notions d’hygiène individuelle et sociale prennent une place de plus en plus importante, peut-on laisser l’individu ignorant des faits les plus simples qui lui permettront de comprendre quelle est la base de cette hygiène ? C’est évidemment là un but utilitaire, mais on ne peut s’emparer du sens étroit de ce mot, pour en diminuer et négliger la valeur.

À la vérité si c’était là le seul rôle de l’enseignement de l’histoire naturelle on pourrait le restreindre beaucoup et le limiter par exemple à la dernière classe, Philosophie ou Mathématiques élémentaires ; son rôle serait de même ordre que celui d’un autre enseignement qui fait complètement défaut et qui permettrait à un jeune homme, au sortir du lycée, de se débrouiller au milieu des difficultés juridiques qui peuvent l’assaillir et dont il n’a pas la moindre notion ; quel est le bachelier qui est capable de distinguer les attributions d’un notaire de celles d’un avoué ou d’un huissier ; on trouve bon de lui donner quelques leçons sur l’organisation de l’individu, on le laisse ignorant de celle de la société. Mais, encore une fois, nous sommes en présence d’un point de vue très spécial et on peut à la rigueur répondre qu’après le lycée le jeune homme aura toute liberté et facilité pour se livrer aux diverses études qui peuvent lui être plus directement utiles, selon la voie dans laquelle il dirigera ses efforts.